CR Eco Trail par Laurent (M.) le 20/03/10
Pour répondre à Gilles (cf. mail du 30/03 « on imagine facilement que vous en avez bavé ») je dirai : pas si sûr que cela !
Bien évidemment je ne fais pas parti de la catégorie de ceux qui en veulent pour leur argent (la limite horaire étant 12h30 eh bien j'en profite jusqu'au bout…), mais globalement je n'ai pas autant souffert que je ne le pensais.
La genèse
Avant d'entrer dans le vif de la course, l'idée de participer à cette épreuve m'est venue suite à une discussion avec un voisin, Didier, qui depuis est devenu un ami. Didier, me voyant régulièrement courir et marcher, m'a donc un jour interpellé pour discuter CAP puisqu'il en est lui aussi un adepte. Au fur et à mesure de nos échanges (ça commence toujours comme des gosses par un étalage des pedigrees respectifs…..) et de ma déception de perdre le titre de champion de ma résidence pour redescendre à celui d'escalier, il m'informe de sa participation à l'Ecotrail de Paris 2010 (nous sommes en juin 2009).
Rapide coup d'œil sur le Net, barrières horaires, temps des derniers et je me mets soudain à rêver => pourquoi pas ?
Je m'inscris donc en août après d'âpres négociations familiales. Ayant plus d'aptitudes pour la marche et la randonnée que pour la course sur bitume et n'étant pas chrono du tout, je me sens plus à l'aise pour faire un Ultra en Trail que sur route (les
L'entraînement
Pour cette épreuve, j'ai donc plutôt capitalisé sur mon expérience de marcheur que de coureur (plusieurs Paris-Mantes, quelques brevets de marche et de nombreuses marches OFF). Je commence mon entraînement début août en planifiant quelques objectifs intermédiaires pour maintenir la motivation :
Août =>
Sept =>
Oct => Sedan-Charleville :
Les
Nov => Le P'tiot Sparnatrail à Epernay :
Les
Déc => L'Origole :
Janv => Paris-Mantes (à la marche)
En parallèle de la reprise d'un entraînement spécifique pour cette épreuve, je commence par faire attention au contenu de mon assiette (ayant un léger surpoids, cela s'impose…).
Je commence donc doucement par 3/4 entraînements :
- Du fond (env 45 mn)
- Du fractionné (env 45mn)
- De la marche (env 2/3h)
- Du fond (env 1h)
Après les
- Du fond (env 1h)
- Du fractionné (env 1h)
- Du travail en cote (45 mn)
- De la marche (env 2/3h)
- Du fond (env 1h30mn)
En vue de l'Origole et après le P'tiot Sparnatrail, les ¾ de mes entraînements se font à la frontale (de toute façon, je n'ai pas trop le choix car je cours tôt le matin ou tard le soir…….).
Après l'Origole, je conserve à peu près le même entraînement bien que je ne fais plus du tout de fractionné car j'ai constaté une récupération plus difficile après, (mon objectif étant de terminer je préfère assurer) :
- Du fond (env 1h)
- Du fond (env 1h)
- Du travail en cote (45 mn)
- De la marche (env 2/3h)
- Du fond (entre 2h et 2 h30mn)
Après le Paris-Mantes (fin janvier), je commence à me dire que je vais peut-être terminer. C'est seulement à ce moment-là que la bascule s'opère et que le rêve devient un objectif envisageable.
A partir de cette période, mes sorties longues (qui se font en principe le samedi matin) incluent de plus en plus de dénivelé. Au cours de ces sorties, je suis accompagné par Didier. Celui-ci ayant un rythme très supérieur au mien, cela me fait nettement progresser.
De temps en temps, nous sommes accompagnés par son fils (07h51 à l'Ecotrail 2009, 58mn39s au Paris-Versailles 2009…), qui me fait profiter de ses précieux conseils notamment en matière d'alimentation. Tout au long de ces séances d'entraînement, ma moyenne km/h se situe entre 9 et 11 en courant et entre 6 et 6,5 en marchant.
Je vous épargne la description détaillée des deux derniers jours, qui passent très lentement, (avec la petite crise de sciatique qui va bien), pour mettre un coup de pression avec les deux nuits quasi blanches…
The jour J
Départ prévu à 10H30 vers Saint-Quentin en Yvelines, je me lève tranquillement vers 07h30 pour un petit déjeuner classique car je ne me sens pas pour autre chose (ce qui sera une erreur…).
L'arrivée à Saint-Quentin se fait sous la pluie avec une température assez fraîche. Je m'habille donc en conséquence : corsaire, tee-shirt technique + maillot cycliste à manches courtes.
Mon sac pèse 3 kilos car outre le matériel obligatoire, j'emporte une petite bouteille de Cola (j'aurai dû prendre du vrai Coca-Cola, car j'ai pu constater que même le goût à son importance), un appareil photo et une petite trousse avec Compeed, pansements et cie.
Depuis le matin, j'alterne entre le doute et l'angoisse (il m'est impossible d'échouer, tout mon entourage est au courant donc…) et une pêche d'enfer qui me donne l'envie d'en découdre (je fais les premiers
12H15, nous nous dirigeons avec Didier sur la ligne de départ après un dernier encouragement de ma petite famille. La pluie a cessé et le temps est légèrement couvert. On se la joue « kéké » et on se remonte le bourrichon réciproquement pour cacher notre émotion. Briefing des organisateurs et, à 12H30, les fauves sont lâchés.
St Quentin-Buc : KM 21 - 1er ravitaillement. Objectif 2h37 - réalisé 2h24
Je pars tranquille en me fixant une moyenne de
Au 2ème KM, un petit coucou à la famille et je continue gentiment ma progression à un rythme légèrement supérieur que celui prévu mais je me sens plutôt bien. Nous passons à proximité d'un golf, ce serait vraiment stupide d'être contraint à l'abandon suite à l'impact d'une balle de golf !
Vers le 10ème km, je fais un « arrêt pipi » et en profite pour retirer mon maillot pour ne garder que le Tee-shirt. Je pense à m'hydrater régulièrement (j'ai pris
12ème km, surprise, je retrouve les miens. Un coucou vite fait accompagné de quelques photos et nous nous donnons RDV au 43ème km (ou avant ?).
Le paysage plutôt urbain sur cette partie est animé par une famille de bretons que je retrouverai à intervalles réguliers. L'ambiance est garantie, avec drapeau, concert de cris et d'encouragements.
(Voir de coups de klaxon lorsque nous franchissons une passerelle et que je les aperçois sur le bas côté de la route que nous surplombons).
J'arrive donc à Buc un peu plus tôt que prévu. Je remplis ma poche à eau (
Buc – Observatoire de Meudon : KM 46 Point de contrôle, pas d'objectif, temps réalisé 06h12
La partie intéressante du parcours commence donc, avec une petite surprise au KM 22, à mi-côte j'aperçois au loin Jean-Luc Vernois qui prend des photos, j'en profite pour le saluer. Le rythme se ralentit et par conséquent la moyenne baisse. Le ton est bon enfant autour de moi et je suis heureux de constater que certains « finishers » de l'année dernière ont un rythme identique au mien (ce qui me rassure sur la gestion de ma course). Je suis toujours « dans les clous » et ma progression est conforme à mon tableau d'allure. Je pense à m'hydrater et à manger quelques barres nutritives.
Vers le 30ème je m'arrête quelques minutes pour faire quelques élongations et boire ma petite bouteille de cola. Je trouve le goût légèrement bizarre cela fait à peu près 04h que je cours et je m'aperçois seulement maintenant que je n'ai quasiment rien de conséquent dans le ventre depuis ce matin (je n'ai rien mangé ce midi et pour cause). A partir de ce moment je vais avoir des difficultés pour me nourrir et il va falloir me forcer.
Au
D'autres coureurs profitent de notre ravito pour faire le plein d'eau et de coca, un petit bisou (à ma femme pas au coureurs…) et je repars. En ce qui concerne cette halte, j'avais pris mes précautions en demandant la veille (auprès des organisateurs) si nous avions la possibilité de nous faire ravitailler par nos proches sur le parcours. La réponse étant positive j'en ai profité car c'est précisément à cet endroit que Didier avait abandonné l'année dernière en panne de liquide. En cas de réponse négative je pense que je serai parti de Buc avec
Je connais la nature du terrain jusqu'au Haras de Jardy (le
Observatoire de Meudon – Chaville KM 53. Objectif 07h11, temps réalisé 07h17
Il est à peu près 18H40, il commence à faire un peu frais mais je décide d'attendre le KM 53 pour mettre une deuxième couche, le terrain commence à être gras et je dois redoubler de vigilance car malgré tout, la fatigue commence à se faire sentir. Nous sortons du parc de l'Observatoire, et vers le KM 48 en suivant bêtement le coureur qui me précède et qui se trompe de chemin, je bifurque brutalement vers la droite pour me remettre sur la bonne route. J'avais juste un peu oublié que mon corps ne répondrait pas aussi rapidement que je le souhaitais, je me retrouve donc en vol plané car en plus je n'avais pas vu la racine qui barrait le chemin. Je ressens une douleur violente en coup de poignard dans le mollet droit avant de me retrouver par terre. Je me relève, aidé par un coureur, constate des ecchymoses sur mon genou droit et le tibia gauche (avec un trou dans mon corsaire tout beau tout neuf que j'avais acheté exprès, mais ce n'est pas grave ça fera encore plus warrior…… ou looser c'est au choix….).
Je repars encore plus doucement et suis rassuré par la disparition progressive de la douleur ressentie dans le mollet droit. Les averses vont faire leur apparition, je sors un coupe-vent sans manche pour me protéger. Je prends également ma frontale et bien évidemment je constate que les piles neuves que je pensais avoir mise en place étaient en fait des piles usagées (merci à l'organisation d'avoir demandée en matériel obligatoire des piles de rechanges). Les piles de remplacement étant tout au fond du sac, j'opte pour l'utilisation de ma torche (deuxième lampe obligatoire merci encore l'organisation….) jusqu'au prochain ravitaillement. Le dénivelé est plus conséquent et je commence à entendre des coureurs exprimer leur fatigue par quelques injures bien senties lorsque nous abordons une côte. J'entends de plus en plus nettement la sono du prochain ravitaillement, puis les bips des coureurs qui le franchissent, je tiens donc le bon bout.
Chaville – Haras de Jardy KM 63. Objectif 08h56, temps réalisé 09h20
Je m'arrête un peu plus longtemps que prévu, je change mes piles, met une casquette, enfile des manchons pour me protéger les bras. Je me force encore à manger un tout petit peu, me gave de Coca et je repars. J'ai maintenant pris conscience de mon retard et que ma marge est minime mais néanmoins jouable. Cette partie va s'avérer la plus dure car le chemin que nous empruntons n'est plus celui auquel je pensais, je perds donc mes repères et l'avantage psychologique d'être en territoire connu. Je n'ai plus de douleur suite à ma chute mais je ressens une certaine lassitude. Je mesure donc à cet instant le bénéfice de mes Paris-Mantes (qui est une marche nocturne), je n'ai plus la maitrise du terrain mais faire un effort de nuit dans un état de fatigue avancée, ça je sais faire et j'ai l'expérience. Je prends mon mal en patience et je me dis que je suis capable d'aller jusqu'au Haras sans trop de bobo.
La boue rend le dénivelé un peu plus difficile à appréhender mais bon ce n'est quand même pas l'Origole. J'ai l'impression de me trainer et ces
Haras de Jardy – Parc de Saint Cloud KM 70. Objectif 10h11, temps réalisé 10h20
Je décide à ce ravitaillement de ne pas trop m'attarder, il me reste
Parc de Saint Cloud – Premier étage Tour Eiffel. Objectif 12h19, temps réalisé 11h59
Lorsque j'arrive au KM 70 je sais que c'est gagné pour moi sauf incident. Je prends un peu plus mon temps et me force à manger salé et sucré et boire enfin du Coca. Je regarde le panorama devant moi et savoure un peu ce moment. Je sais que physiquement je suis capable de faire les 10 derniers KM car j'ai suffisamment de marge. Je quitte le ravitaillement dans un état quasi euphorique car je sais que j'ai au bout des pieds l'aboutissement de plusieurs mois d'entrainement et l'accomplissement d'un challenge personnel. Je connais quasiment par cœur ce dernier tronçon et j'alterne course + marche rapide. Vers le
Nous parcourons ensemble quelques centaines de mètres, je grimpe les escaliers du pont d'Iéna, je vois ma femme et ma fille accourir vers moi. Je suis aux anges, euphorique et un peu à coté de la plaque car me rendant compte qu'ils doivent m'attendre sous la pluie depuis longtemps, je leur demande si cela va bien !!!!. Nous nous donnons rdv sous
Je suis un peu déçu par le polo manche longue car j'avais vraiment envie du T-shirt de-la-mort-qui-déchire où est inscrit en gros et derrière pour que tout le monde le voit : FINISHER. Je bois rapidement du Coca (oui je sais, j'aime bien le Coca……). Je redescends tranquille en ascenseur, je gère avec le liftier une personne qui fait un malaise vagale (tiens c'est bizarre, des gens font des malaises, bizarre, bizarre). Accueil de ma petite famille pour le héros, je relâche un peu la pression, je me change rapidement car je commence à avoir froid. Mon épouse m'indique que Didier est arrivé 20mn avant moi mais qu'il a préféré rentrer car il grelottait. Pas de souci il est prévu que l'on se voit le lendemain.
Je commence à frissonner dans la voiture et j'ai la nausée. Je prends donc le sac en plastique qui va bien au cas où.
Arrivé à la maison je ne peux plus à maîtriser les tremblements, j'ai des difficultés à sortir de la voiture. Je me remotive un peu en me disant qu'après la douche cela devrait aller mieux. Douche bouillante, je constate deux petites ampoules au bout de doigt de pied et mise à part les ecchymoses liées à ma chute tout va bien. Je me couche, satisfait mais avec une impression de vide. J'ai surtout constaté des maux de têtes les deux jours suivants, le froid sans doute, une légère perte de poids (j'ai perdu
Le Bilan
Il faut une sérieuse préparation et jouer sur ses acquis ou son potentiel, en l'occurrence la marche pour moi. Il faut aborder à mon sens ce genre d'épreuve avec humilité et être à l'écoute des conseils des uns et des autres. Sur cette épreuve, j'ai pris exemple sur un ami qui court le marathon de
Je pense avoir bien fait de m'inscrire à des courses intermédiaires pour maintenir la motivation. Prévoir des OFF entre personnes de bonne compagnie est aussi super sympa. Je pense inclure des séances de VTT lors de mes prochains entraînements pour varier un peu les plaisirs. J'ai de gros progrès à faire en matière d'alimentation. Courir avec un tableau d'allure m'a beaucoup aidé, j'avais pu aussi apprécier sur le P'tiot Sparnatrail le fait d'avoir imprimé un dénivelé lisible et relativement détaillé.
L'entraînement à la frontale est indispensable (je regrette un peu d'avoir acheté
Coté finance il faut reconnaître que c'est un investissement. N'ayant rien négligé et si j'inclus l'osthéo, le podologue, le test d'effort etc…. cela représente quand même une petite somme. D'un autre coté, je suis en forme, j'ai perdu à peu près
En ce qui concerne le choix de la course, c'est un peu le fruit du hasard. Elle est coûteuse mais il y a une bonne ambiance, les bénévoles sont top (super d'avoir le prénom inscrit sur le dossard pour les encouragements personnalisés). Le balisage est correct et l'arrivée grandiose. Habitant Le Plessis Robinson, à proximité de la forêt de Clamart et de Meudon, j'ai eu l'avantage de connaitre une bonne partie du parcours en tout cas la plus difficile. Le seul point négatif que je relèverais c'est le manque de, de ????? et oui vous l'avez deviné de Coca au 63ème…
Laurent
Les photos sont ici.
Un petit reportage video que vous conseille Eric (L.) : ici.
Le CR de notre Jean-Phi : ici.
Le CR d'Achia : ici.
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