CR de l'incontournable par Maud le 01/07/12
L’Incontournable – 1er Juillet 2012 – Haute-Savoie – 33km, 2400D+
Mon premier trail de montagne…
En automne dernier, motivée pour tester le trail de montagne et conseillée par Matthieu Aubin inscrit sur le TGV, j’ai jeté mon dévolu sur l’Incontournable, un trail moyenne distance liant les deux parcours « incontournables » de Pralognan : le Tour du Petit Mont Blanc et le Tour de l’Aiguille de la Vanoise. Bref, un beau défit alliant beauté et difficulté. D’après le site internet : « Après une première édition en 2011, l’Incontournable est d’hors et déjà devenu une référence en termes de difficulté dans le monde du trail ». Même pas peur, ce n’est pas ce beau profil qui va me démotiver, bien au contraire !
Après un entrainement un peu dépourvu de sorties longues –je l’avoue et c’est mal- et très axé côtes et développement musculaire des cuisses –c’est qu’il va m’en falloir pour grimper tout là haut-, me voila partie dans les Alpes pour une semaine, l’après course me permettra de faire un peu de rando dans cette région que je ne connais pas.
Samedi :
Arrivée à Pralo (c’est comme ça qu’on dit pour être dans le coup), l’ambiance trail se fait sentir, le restau de la place centrale propose des tagliatelles en plat du jour, et nous sommes bon nombre à en profiter. Il y a des coureurs : surtout pour le TGV (environ 1000 participants pour cette course maintenant mythique), l’Incontournable (200 participants) et le Tour du Petit Mont Blanc (17 km et 100 participants). Je profite de l’après-midi pour faire des soldes utiles : des bâtons de trail ultra-légers et une poche à eau de compet… c’est vrai que ce sera plus utile qu’une dixième paire de talons aiguille, surtout dans la montagne. Puis retrait du dossard : l’échéance approche.
20h00 : briefing sur la place principale, un dernier rappel sur la météo, le balisage (absent sur toute la première boucle car interdit dans le parc national de la Vanoise), les barrières horaires, la sécurité et la difficulté… attention, la seconde partie du parcours est particulièrement ardue avec ses 1400m de dénivelé dont 800m sur 4km, je ne veux même pas savoir quel est le pourcentage correspondant ! Pour tout avouer, je n’arrive même pas à visualiser à quoi correspond 1400m… En fait j’ai peur là !
21h00 : dernier plat de pâtes, préparation du matériel. Rappel pour plus tard : tester son matériel avant la course, mes guêtres sont incompatibles avec mon accéléromètre… tant pis pour les guêtres.
Dimanche :
Levé à 5h30 et pensée pour les courageux du TGV qui sont partis il y a maintenant 30 min… Gateausport (mmhh, c’est bon le chocolat), petit café, le stress est là mais l’impatience de faire ce premier trail est plus forte, je ne tiens plus en place, il est temps d’y aller !
Je n’ai pas d’objectif particulier pour aujourd’hui, si ce n’est la barrière horaire de 3h15 pour la première boucle (soit environ 17km) et de finir entière… pas gagné !
6h50 : arrivée sur la place du village, émargement, je déplie les bâtons, je souffle un bon coup, un bisou d’encouragement de mon homme qui m’accompagne et me soutient et…
7h00 : go !
Ca part vite, et tout de suite en montée. On commence par un petit tronçon de route qui se transforme vite en chemin et la course devient marche. La pente devient plus raide et le terrain moins évident au fur et à mesure de l’ascension des 1000 m nous séparant du col de la Vanoise. Après 35 minutes de course (enfin, de marche rapide) : un petit ruisseau se profile, le traileur devant moi habile de ses bâtons mais surtout pourvu de grandes jambes saute aisément au dessus de l’eau. Pour moi, l’exercice est beaucoup plus compliqué : premier pied, splatch, second, resplatch, ça, c’est fait, j’ai les pieds trempés !
Le temps passe très vite sur cette première montée, je suis occupée à regarder où je mets les pieds et les bâtons, j’ai trouvé mon rythme et peux même admirer le paysage : Pralo qui devient tout petit en contrebas, prairies, cascades, c’est superbe et tellement mieux que de courir en ville !
A peine le temps de remarquer que mes pieds sont secs que je vois un second ruisseau se profiler devant moi… et toujours aussi habille : j’y mets les deux pieds ! Ca se reproduira encore deux fois lors de cette montée et les névés n’aident pas à sécher. Heureusement que mes chaussettes et chaussures sèchent très vite.
Après 2 heures de grimpette, j’arrive au premier ravito sur le col de la Vanoise : remplissage de poche à eau, petit mot avec les bénévoles et c’est reparti avec une camarade de course que je suivrai pendant les prochaines heures. Le temps se gâte, il y a du vent et il pleut… les pieds étaient trempés, maintenant, c’est le reste. Tant pis, ça va sécher en descendant ! J’amorce la descente avec un bon névé et prend conscience qu’il ne reste plus qu’une heure quinze avant la barrière horaire de Palo, il va falloir faire vite pour descendre, ne pas glisser sur la neige, ne pas se tordre les chevilles sur les cailloux. Enfin, avant cela, je profite du paysage du lac aux vaches que nous traversons sur des pierres à fleur d’eau (oui, j’ai encore les pieds trempés), c’est superbe !
Puis ça descend, pas si vite que je l’aurais voulu car je reste prudente n’étant pas habituée à courir dans les cailloux. C’est très technique, il faut être attentif au terrain et au chemin à prendre car c’est très mal balisé. Puis j’arrive aux Fontanelles (cf. photo ci-après), je sais que Pralo n’est pas loin.
A Pralo arrive la route, c’est agréable, ça descend et c’est très stable, je me laisse aller dans la ville, c’est grisant, ça va vite, il y a des gens pour encourager, bref, c’est génial et ça se voit !
J’arrive au ravitaillement de Pralo en 3h, soit 30min avant la barrière horaire qui avait été repoussée de 15min. Ouf ! Je peux maintenant continuer la course sereinement. Je rempli la poche à eau, prend un verre de coca (ça fait du bien), mange une moitié de pâte de fruit mais le sucré ne passe pas et finis ma collation par 2 chips, bref, n’importe quoi mais ça fait du bien ! Un bisou à mon supporter de mari et je me remet en route pour la partie la plus difficile, l’ascension du petit Mont Blanc. Je cours un peu mais en voyant les autres marcher, je me dis qu’il serait peut être bon de m’économiser un peu. Il y a un peu de route pour sortir de Pralo puis retour sur du chemin. Ca monte doucement puis nous arrivons dans un sous bois et là, ça monte dur… je trouve mon rythme : doucement mais surement, je me dis que c’est surement le passage difficile dont parlaient les organisateurs et que ça ne va pas durer longtemps. Sortie du sous bois, je me retrouve sur un tout petit chemin au milieu d’un champ de fleurs multicolores avec Pralogan toute petite au fond de la vallée.
C’est superbe, je me dis que je pourrais aller au bout du monde avec un paysage comme cela. Sauf que ça monte toujours autant… et c’est toujours aussi raide, voir plus et puis j’ai mal aux jambes, j’ai le souffle court et j’ai faim… oula, pas bon tout ça ! Je lâche ma coéquipière que je n’arriverai jamais à rattraper pour une pause pâte d’amande, je profite du paysage, me remet les idées en place et c’est reparti. Il ne doit pas rester bien longtemps avant le ravitaillement et le haut du Petit Mont Blanc… Erreur ! Cette partie est sans aucun doute la plus difficile de la course, ça monte et ça ne s’arrête pas. A chaque butte, j’imagine que la délivrance arrive, que ça va être la descente mais non, ça continue, c’est interminable. Je rattrape et double plusieurs personnes qui n’en peuvent plus, je me console en me disant que certains sont plus en difficulté que moi. Je contrôle mon rythme cardiaque, tout va bien, même très bien, mais mes jambes elles refusent d’aller plus vite, je me félicite d’avoir choisi l’option bâtons et d’y avoir investi mon budget soldes : sans aucun doute le meilleur achat de l’année !
Puis, enfin, je vois le ravito, ça y est, c’est la fin de la montée ! Je prends un verre de coca coupé à l’eau, un petit morceau de Beaufort, rien de mieux que les produits locaux et je demande, naïve comme je suis : « Elle est où la descente maintenant ? » Et m’entends répondre : « Ah non, il y a encore 300 m de dénivelé, il faut monter là haut où vous voyez les gens. Si si, les petits points là haut. » Et là, c’est le drame, la torture, la déception… 300m… presque encore un quart de ce que je viens de manger. Bon, je me dis, aller, je relativise, après, c’est vraiment la fin : plus qu’un quart de ma dernière montée, plus que 300 sur les 2100 déjà gravis, après tout, ce n’est rien ! Et c’est reparti, c’est dur mais ce n’est pas le moment de lâcher. Et puis il y a des randonneurs qui m’encouragent, qui me félicitent, ça booste. Je pense aussi à mes collègues du TGV qui sont partis deux heures avant moi et qui vont parcourir presque le double. Et enfin, j’arrive au sommet, sous la pluie et un vent violant. Je ne prends pas le temps de m’arrêter car il fait frais et j’ai hâte d’attaquer la descente.
La montée était raide, la descente toute autant, je joue encore une fois la carte de la prudence, je sais que je ne suis pas la dernière, je pense pouvoir terminer en 6h45 à peu près si je garde le rythme adopté sur ma première descente. Il y a énormément de cailloux, ça roule, ça glisse, les virages sont en épingle à cheveux, et les bâtons me sont encore une fois d’une très grande aide.
J’arrive au niveau d’un sous bois, je ne suis pas loin de finir la grosse descente quand : douleur à la cheville et je m’étale de tout mon long. Je me retrouve assise en travers du chemin, la main en sang, choquée me disant que c’est foutu, que je ne vais pas pouvoir repartir. Je sors mon téléphone portable : pas de réseau. Je vais devoir attendre le prochain pour qu’il avertisse les secours. Je m’en veux, j’ai pourtant été prudente, je peste contre moi-même. J’attends cinq minutes, toujours personne. Est-ce que je peux me relever ? La douleur semble s’être calmée, j’essaie de me lever, ça tient, je fais un pas, ça tient, c’est sensible mais c’est sûr, ce n’est pas cassé. Je repars donc en marchant en prenant appui sur les bâtons. Je décide de ne pas courir, ma cheville est chaude donc il est fort possible que mes sensations soient biaisées, je ne dois pas être très loin de l’arrivée donc je passerais la ligne en marchant si je peux et tant pis pour mon temps. Je fini de descendre la montagne puis me retrouve sur un chemin très large. Je rencontre une randonneuse qui voit à ma tête et à ma démarche que ce n’est pas la grande forme. Elle rentre à Pralo donc elle va faire la route avec moi, elle m’apprend qu’il reste 4km à parcourir (je pense en avoir déjà fait un seule en marchant). Le chemin rejoint la fin du parcours des TGVistes qui terminent, nous les encourageons, je les envie de courir. Ces derniers km sont les plus difficiles de la course : j’ai mal, je sais que je me suis blessée, je culpabilise, bref, c’est très difficile de ne pas flancher. Heureusement que je ne suis pas seule : ma compagne de marche me soutient, elle me parle, m’encourage, me réconforte, ça fait vraiment du bien de rencontrer des gens comme cela. Elle me dit que son mari est sur le TGV mais qu’il est surement encore très loin de nous. Je pense à Matthieu et les autres.
Puis enfin, nous arrivons à Pralo. Il y a beaucoup de gens qui encouragent, je suis vexée de marcher, mais je vais finir la course ! Mon premier trail en montage! Je passe la ligne d’arrivée en 7h44 avec les larmes aux yeux puis file dans la salle polyvalente voir le médecin de la course.
Bilan :
Les points négatifs : une grosse entorse (et de fait un très mauvais temps)… et c’est tout.
Les points positifs : les paysages, l’ambiance trail, de belles rencontres, la satisfaction d’avoir grimpé 1000m d’un coup puis 1400m.
En conclusion : dès que je suis remise, je commence à réfléchir sur le prochain trail… mais j’ai déjà des idées, pourquoi pas de l’utra un peu plus plat ?
Et puis les remerciements : A mon homme qui ne veut pas m’empêcher de continuer malgré la blessure et qui est toujours là pour m’encourager et la randonneuse anonyme qui a disparu juste avant la ligne d’arrivée mais qui m’a permis de franchir cette ligne.
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