UASG ATHLETISME

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CR de la CCC par Jean Luc des Bois le 27/08/10

CCC : Courmayeur-Champex- … Vallorcine (cherchez l’erreur ?)

(98km – 5600m D+ … devenus 82km – 4800 D+

 

 

Préambule :

 

La décision d'écrire ce petit compte-rendu a été très (trop ?) longue à prendre. 1 mois 1/2 après ce rendez-vous majeur de la saison ... la frustration et le goût d'inachevé sont toujours bien présents, la "cicatrice"  n'est toujours pas complètement refermée. Alors, que faire ? Rouvrir la plaie et crever l'abcès ou au contraire, laissez le temps faire son oeuvre ...

 

Au final, j'avais presque complètement laissé tomber l'idée d'écrire quelque chose ... puis, les articles "spécial UTMB" de la presse spécialisée et la lecture des derniers comptes-rendus parus sur divers forums, ont rallumé une (petite) étincelle ...

Oui, même si cette édition de l'UTMB 2010 a été très "spéciale", ça reste tout de même une fabuleuse expérience à faire partager.

Quelques uns s'y reconnaîtront sans doute et qui sait, si ça peut aider les futurs prétendants à la veste "finisher" ...

Bonne lecture.    

(pour ceux qui veulent rentrer directement dans le vif du sujet, allez directement au chapitre ‘Chamonix J-2’. Le « prologue » comme son nom l’indique, n’étant que … un préliminaire … mais peut-être non dénué d’intérêt pour les novices de la grande transhumance annuelle vers Chamonix et le massif du Mont-Blanc ?…).

 

 

prologue :

 

Eh oui, il faut bien en parler de ce "passage obligé » : la pré-inscription et le tirage au sort !  Une vraie épreuve ça aussi. Pas pour les jambes, mais la tête et le coeur en prennent un petit coup.

Une fois la décision prise de s’engager dans cette « aventure », oh petite certes, mais quand même : le chemin est long avant de concrétiser le rêve … Il faut bien y songer au moins 1 an à l’avance, ne serait-ce que pour obtenir le point qualificatif. Ce pré-requis rempli, viens l’heure de la pré-inscription (période de 2 semaines, entre fin déc. de l’année précédente et mi-janvier). Là, tout va bien, il faut juste ne pas se rater sur la date limite et les documents et justificatifs nécessaires. Faut dire que le site d’inscription est plutôt bien fait sur ce point-là, car il reconnaît et valide quasiment en temps réel vos résultats aux courses qualificatives, rapide et efficace !

Viens ensuite la période d’attente (… et de stress) avant de savoir si oui ou non, on va pouvoir enfin participer à la

grand-messe annuelle …

Le petit mail libérateur arrive environ 1 semaine ½ après la fin des pré-inscriptions. Il suffit alors de confirmer, et le tour est joué. Tout est bouclé fin janvier.

Voilà, une bonne chose de faite, mais … le prologue n’est pas complètement terminé … il faut maintenant songer à l’intendance, et particulièrement le logement qu’il ne faut pas tarder à réserver car une fois les inscriptions bouclées, c’est une nouvelle course qui se prépare … Pour ma part, j’avais décidé de prendre mes congés à cette période-là, donc pas d’état d’âme, la réservation de la loc est faite dans la foulée.

Maintenant que la phase « administrative » est passée, les dés sont jetés et comme on dit : « y’a pu k’à » …

 

 

Chamonix  J-2 et J-1 :

 

Nous y voilà, enfin ! Ben oui, quoi. Ca fait un moment qu’on l’attend ce rendez-vous (voir chapitre précédent, pour ceux qui auraient zappé). Chamonix a revêtu sa parure « spécial UTMB » (affiches et banderoles à chaque coin de rue, embouteillages de traileurs tous plus affutés les uns que les autres, boutiques de sport bondées, commerçants arborant fièrement le T-shirt utmb2010, …on sent bien que c’est un évènement majeur ici et que tout le monde est sur le pont).

Direction le centre sportif pour le retrait des dossards. Là, on se rend compte tout de suite que la « machine utmb » est bien rodée : un nombre impressionnant de bénévoles, chacun affecté à une tache bien précise. Résultat : c’est fluide, c’est calme (malgré la « foule ») et ça passe tout seul. En 15mn, me voilà bagué et équipé, paré pour l’Aventure …

En ressortant du centre sportif, un passage (incontournable) au « salon de l’utmb » . C’est toujours sympa d’y croiser les stars (K. Jornet, D.Sherpa, …) et d’y rencontrer les fabricants et autres organisateurs de courses. Attention cependant à ne pas y passer des heures, on a vite fait de s’y casser les pattes … D’ailleurs, mon tel sonne : c’est un collègue dont le fils Nicolas fait aussi la CCC, qui m’attend à une terrasse de café, histoire de ne pas se déshydrater … En repartant, je croise quelques connaissances : petite discussion et à priori, nous pourrons nous retrouver le matin de la course car nous avons les mêmes horaires de départ de navette vers Courmayeur. Cool !

 

La journée du lendemain (le jeudi donc, faut suivre !) sera pour moi une journée de repos. Heureusement d’ailleurs, car une grosse chaleur étouffante à fait son apparition, et je suis à ce moment là bien content de ne pas me retrouver dans la foule et l’agitation de Chamonix.

En fin de journée, préparation du paquetage, dernière vérification des prévisions météo à l’office de tourisme (ça s’annonce pas terrible -pluies orageuses- mais après tout, on est à la montagne et quand on aime, on ne compte pas !). La pression commence doucement à monter, mais après ces longs mois d’attente et de préparation, je me sens prêt à en découdre.

 

 

Jour J : Chamonix - Courmayeur :

 

Réveil à 5h30 du mat’ …( la tête dans l’cul , l’cul dans l’brouillard (Tryo) ) … petit déj light dans un premier temps, mais je prévois de manger à nouveau en arrivant à Chamonix, car ça risque d’être long jusqu’à 10h. Je vérifie une dernière fois le matos, je remplis le camel, je prépare ma boisson d’attente, et Go ! Chamonix, nous voilà !

Je laisse ma voiture sur le parking du Grépon, gratuit pour l’occasion, et prends la direction du départ des navettes vers Courmayeur. Le ciel est couvert, mais sans plus. Le départ des navettes vers Courmayeur est super bien organisé, et nous nous retrouvons très rapidement de l’autre côté des Alpes. Malgré le ciel de plus en plus menaçant,  c’est la foule des grands jours dans les rues de Courmayeur. Je m’extrait un peu de cette cohue pour aller me changer, déposer mon sac de change et retrouver mon collègue et son fils Nicolas.

 

 

On discute, on papote, mais je m’aperçois que c’est déjà la foule sur la ligne de départ, je décide de rejoindre le « troupeau », non sans peine (heureusement, un autre troupeau –de japonais cette fois- m’a ouvert un passage. Arigatou et Sâyonara les amis.)

 

 

Jour J – Heure H : Courmayeur… et plus si affinité :

 

Ca y est, on y est ! On a droit aux hymnes, puis c’est la traditionnelle musique de Vangelis … ça commence à « sentir » bon, … sauf que la pluie a fait son apparition depuis un bon moment maintenant. J’ai juste le temps d’enfiler le

coupe-vent, et le départ est donné.

 

 

Un petit tour dans les rues de Courmayeur, sous les acclamations d’un public haut en couleur et nombreux malgré une météo de plus en plus exécrable. Le tonnerre gronde (y manquait plus que ça !).

La sortie de Courmayeur est un peu laborieuse car il y a foule dans les petites rues. Je reste un moment en compagnie de mes nouveaux amis japonais jusqu’à la sortie de la ville et le début de la montée vers Planpincieux où Nicolas me dépasse. Je ne cherche pas à le suivre et je reste à mon rythme. La pluie redouble. J’ai bien fait de mettre le coupe-vent dès le départ. De nombreux coureurs sont arrêtés sur le bord du chemin pour enfiler les leurs. Mais malgré tout, beaucoup, beaucoup de monde sur le chemin qui mène au refuge Bertone (km 12 - vendredi 11h50).

 

 

Je me m’attarde pas, un verre d’eau gazeuse, le temps de sortir les battons du sac pour attaquer la montée vers

 la Tête de la Tronche (km 17 – vendredi 12h53).

 

 

La pluie a cessée, mais le vent souffle et je supporte bien le coupe-vent. Toujours beaucoup de monde dans la montée, mais le troupeau va se disperser dans la descente et la partie « roulante » qui suit, et qui nous amène au refuge Bonatti (km 22 – vendredi 13h42). Première petite pause pour moi. Le soleil fait une apparition, j’en profite pour enlever le coupe-vent, boire un verre de coca et remplir ma première gourde (boisson sucrée agrumes).

La portion suivante jusqu’à Arnuva (km27 – vendredi 14h33) est très roulante. Attention à ne pas se bruler les ailes. La tentation est grande de suivre des avions … mais le Grand Col Ferret n’est pas loin et il faut en garder sous le pied …

 

A Arnuva, je mange de la viande des Grisons (humm, ça passe très bien ça !) et quelques carrés de chocolat (y’a pas de mal à se faire du bien !). Et Hop, nous voilà reparti, à l’assaut du Grand Col Ferret … qui sera pour moi LE coup de moins bien de cette CCC ! Premier arrêt (pipi) à hauteur du refuge Elena. La montée est raide et je n’avance plus. Je me fais dépasser par un grand nombre de coureurs et le moral en prend un coup. J’ai l’impression de ne plus pouvoir respirer. Deuxième arrêt (je me force à vomir … l’effet chocolat ?) à mi-chemin du sommet. Je repars, mais le moral est au plus bas. Je sais que dans ce genre d’effort, il y a toujours des moments de moins bien, il faut être patient et ça reviens, mais quand même, je commence à gamberger. Heureusement, le sommet n’est plus très loin. Je décide de faire une pause en haut, à l’abri du vent car ça souffle fort à cet endroit!

 

 

Grand Col Ferret (km31 – vendredi 15h58). J’en profite pour resserrer les lacets de mes chaussures avant d’attaquer la descente.

Cette petite pause m’a fait le plus grand bien. Je retrouve des sensations dans la descente. Un comble pour moi qui suit nul en descente ! A La Peule (km35), une nouvelle petite pause pour recharger en eau ma seconde gourde (boisson salée légumes), puis suite de la descente jusqu’à La Fouly (km41 – vendredi 17h15). Cette partie m’a parue un peu longue, avec des portions sur bitume bien peu plaisantes. A la Fouly, je prends le temps de boire un potage chaud. Une première pour moi, j’espère que ça ne va pas me détraquer l’estomac (qui ne tente rien …). Le ciel se fait à nouveau menaçant et le plafond nuageux est bien bas. Pas top ça ! D’ailleurs, la pluie refait son apparition un peu après et je commence à avoir froid. Nouvel arrêt pour remettre le coupe-vent avant d’attaquer la montée vers Champex. Cette portion du parcours n’est pas souvent citée, mais je l’ai trouvé quand même bien éprouvante. La montée n’est pas très violente, mais elle est longue, et cette année plus particulièrement, je pense que tout le monde avait hâte d’arriver à Champex pour se changer.

 

Champex (km55 – vendredi 19h24). J’avais initialement prévu de faire un gros arrêt ici, pour bien me ravitailler et me changer de la tête au pied, mais là il a été beaucoup trop long, je pense. Contraint et forcé à cause de la foule présente (à cause des conditions météo, sans doute.). 20mn de queue pour obtenir quelque chose à manger et presque 45mn en tout à ce ravito, c’est beaucoup trop ! Sans compter le stress inutile que ça génère.

Me voilà maintenant prêt pour affronter la nuit qui n’est pas encore tout à fait là lorsque je repars de Champex. Encore quelques kms de clarté avant d’affronter la terrible montée de Bovine, dans la nuit … et sous des trombes d’eau !

Je crois n’avoir jamais pris sur la figure des sauts d’eau comme ça ! On aurait presque pu faire du raft dans cette montée (sauf que nous n’étions pas dans le bon sens …). Par contre, ça m’a mis « la rage » et j’avais retrouvé une pêche d’enfer (hâte d’en finir ?). Je me suis même surpris à pester contre moi-même, à voix haute, lorsqu’il m’arrivait de déraper sur un rocher ou une racine … Etonnant !    Bovine (km65 – vendredi 22h11).

 

La suite jusqu’à Trient (vendredi – 23h26) et Catogne (km76 – samedi 01h06) est à oublier: des trombes d’eau, du grésil et un vent à décorner les bœufs. Un grand bravo aux bénévoles à Catogne qui mettaient une ambiance de feu malgré ces conditions apo-ca-lip-ti-ques !!!

 

La descente jusqu’à Vallorcine s’est faite également sans grand plaisir, malgré une forme retrouvée. J’ai d’ailleurs voulu accélérer dans cette portion, mais mal m’en a pris, avec quelques belles gamelles où ma cheville est passée à la limite de la correctionnelle …

Arrivé à Vallorcine (samedi 02h08), je décide de faire un bonne pause pour finir dans les meilleures conditions possibles : Toilettes, potage, fromage … quant au moment de repartir, j’aperçois le directeur de course prendre un micro et demander le silence. Humm, humm, pas bon signe ça ? La nouvelle tombe comme un coup de massue : « la course est neutralisée pendant 1h », à cause d’une tempête sur la Tête aux Vents.

Dans un premier temps, je me dis que c’est pas (trop) grave, on va pouvoir repartir dès que la fenêtre météo sera de nouveau correcte. Puis, plus le temps passe, plus je me dis qu’il va être impossible de repartir. Les jambes se font lourdes, les cuisses vont exploser, le froid et l’humidité pénètrent partout, et du coup une certaine lassitude s’installe.

1h1/4 plus tard, le couperet tombe : la CCC est définitivement arrêtée ! Et là, patatra … tout s’écroule … à 17km du but !

J’avais imaginé beaucoup de scenarios catastrophe pour cette course, mais jamais celui-là …

 

 

Samedi 03h30 – retour à Cham … en voiture :

 

Sur place, l’ambiance est glaciale, et pas seulement à cause de la température extérieure …

La copine d’un coureur avec qui j’avais sympathisé durant cette interminable attente à Vallorcine me propose de profiter de leur voiture pour redescendre sur Chamonix. (ENORME merci à eux !!!). Et c’est sur cette route de retour vers Chamonix, avec un peu de recul, que j’ai pris vraiment conscience des conditions météo, car même en voiture, le chemin du retour a été difficile (brouillard, bourrasques de vent, pluie, routes détrempées et inondées). Difficile à croire quand on voit le temps qu’il a fait les jours précédents et suivants.

… C’était le JOUR Où IL NE FALLAIT PAS !!! 

 

 

En conclusion :

 

1mois ½ après, la frustration est toujours là, et la cicatrice sera sans doute longue à refermer … MAIS, quelle expérience !!!

 

Avec le recul, je peux dire maintenant que OUI, les organisateurs ont bien fait d’arrêter. Mon copain Nicolas est passé à Vallorcine 20mn avant moi : il a mis plus de 6h pour boucler les 17kms restants. Il s’est perdu, a fini à la couverture de survie et en hypothermie … il a eu peur !… pour la première fois de sa vie en montagne, et on ne doit pas rigoler avec ça.

 

Il est temps désormais de tourner la page et de penser aux prochains objectifs (le marathon de Vannes et l’Origole approchent à grands pas), mais une chose est certaine: je reviendrai à Chamonix le dernier week-end d’aout …

 

 

Merci de m’avoir lu (finalement, j’avais pas mal de choses à raconter …)

Merci à tous les bénévoles (vous faites un boulot gigantesque ! et sans vous rien ne serait possible)

Merci au couple Lyonnais qui m’a rapatrié en voiture sur Chamonix (… et peut être RDV à Lyon pour le LUT ou l’année prochaine à Cham, mais à pieds jusqu’au bout cette fois …)

Merci à mes proches et amis qui m’ont supporté (dans tous les sens du terme …)

Merci à mon « fan club » qui m’a abreuvé de SMS (désolé de n’avoir pas répondu, … mais j’étais trop occupé à regarder où je mettais les pieds !)

 

… une mention spéciale à Matthieu pour ses SMS de soutien et d’encouragement (ça aide bien dans les moments de « moins bien »)

 

… et à ceux qui hésitent encore à s’inscrire … et bien …, n’hésitez plus :  Foncez !

 

Jean-Luc

 



14/10/2010
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