UASG ATHLETISME

UASG ATHLETISME

CR du TGV par Pittbull le 01/07/2012

Tour des Glaciers de la Vanoise

Départ de Paris direction la montagne. Destination Pralognan la Vanoise pour mon objectif de l’année : le TGV aka Tour des Glaciers de la Vanoise. 73km et 3700+.  Un sacré plat de résistance. Un record en vue dans ma modeste carrière de trailer. Je ne le sais pas encore, mais ce sera de loin la plus belle course de ma vie.

J’ai choisi le train (autour de 5 heures de trajet en TGV aussi hi hi hi) pour me reposer. Changement à Chambéry. Wahooouuu!! Il fait au moins 35 degrés sur le quai. Gros coup de chaud! J’espère qu’il fera plus frais en l’air.

Le TER arrive, c’est parti pour Moutiers. Après il faut monter à Pralo (27km). Pas de bus, le taxi à 70€,…arglll… Je vais quand même pas monter en courant… J’avais prévu de faire du stop. C’était sans compter sur la solidarité UASG. Tel un chamois, Flying Matt’ redescend des montagnes et vient me chercher à la gare. Trop cool! Je range mes beaux panneaux A3 imprimés avec Pralo écrit en gros.

Nous remontons tranquillement la vallée. Pit stop au lac afin de récupérer toute la troupe Aubin et nous voila dans Pralognan. Ca fait plaisir de retrouver les montagnes!

Temps magnifique. Un peu plus frais que dans la vallée. Normal on est à 1400m.

Pralognan est une station familiale donc à taille humaine, pas de buildings, que des chalets et pratiquement tout en bois. Charming!

Je fais un petit tour des vendeurs locaux et suis assez surpris par tous les articles techniques dédiés au trail. La plupart des grandes marques sont présentes. Je furette un peu et craque pour le dernier accessoire qui me manque : un buff aka le bandana multifonctions. Il sera rose avec des poulpes dessus. Original! Je le testerai dimanche en course.

Logement en résidence vacanciel. Pas mal : centre du village, pension complète et abordable. J’y resterai 3 nuits au total.

Nous sommes à J – 1. Temps toujours estival sur la station. Cagnard. Peu d’air. Les rumeurs de météo orageuse se confirment. On parle de raccourcir le parcours, de partir plus tôt (4h00 au lieu de 5h00), ou les 2…. Nous saurons tout ce soir à 19h00 lors du briefing et après le dernier bulletin météo de 17h00.

Retrait des dossards à 14h00 sous la ligne de départ devant la mairie. Nous sommes tout fiers avec Rouky de récupérer le precieux sésame. Par contre le cadeau est assez surprenant : une paire de la chaussette française flaggée Pralognan. Elles sont soit disant de compression. Pas de T shirt souvenir. Dommage!

La population de la station change : on voit de plus en plus de trailers dans le village. La pression monte doucement.

En attendant direction les cimes (en téléphérique s’il vous plait) pour une ballade sur le sentier découverte à 2000m. Rouky, Sandy et Juliette sont de la partie. Surtout ne pas se fatiguer et profiter de la montagne.

L’office du tourisme nous recommande une promenade presque plate de 1h30. Comme Rouky est en pleine forme, il porte Juliette sur son dos. Avec le sac, ca doit faire un bon +15kg, nickel la veille d’un trail he he he. Heureusement la ballade est très pépère. On devine au loin le glacier de la Vanoise et on surplombe les 5 premiers km du parcours du lendemain. Miam miam.

Le soir briefing d’avant course à 19h00. La “sanction” tombe : parcours raccourci de 10km et départ maintenu à 5h00 du mat’. Nous finirons donc la course via le col d’Ossois qui culmine à 2916m au lieu du col de Chavière. Dénivellé réduit de 3800+ à 3300+. Ca sera le prix à payer pour échapper aux orages. Quant on sait que la foudre est attirée par les crêtes et les cours d’eau, on n’a pas envie de prendre le moindre risque. En montagne, il faut savoir rester humble devant les éléments.

Pendant la course, on nous annonce du temps clair jusqu’à 11h00, puis la pluie et enfin des orages en soirée.

Les barrières horaires devront être strictement respectées. Pas possible de gratter 5 minutes. Il faudra donc faire bien attention et ne pas trop traîner.

Dernier point : mr sécurité aka le CRS de montagne nous annonce quelques passages techniques et de nombreux névés de neige. Certains endroits seront sécurisés via corde. Ca promet!

Alea jacta est!

Le soir pasta party chez les Aubin. On se régale avec Rooky. C’est le dernier  ”plein de carburant” avant le D day. Un gateau de riz maison pour finir. Nous sommes armés!

Je rentre à l’hotêl, prépare le sac que je revérifie 25 fois. A l’intérieur, une bande, des barres isostars, des gels décath’, mouchoirs, coupe vent raidlight, gobelet rétractable, carte plastiquée du parcours, roadbook, téléphone portable et bien sur appareil photo donc caméra. J’espère bien faire un beau film de cette journée.

Au niveau tenue : cascadia 7 aux pieds, compress’sport sur les mollets, cuissard Kalenji, T-shirt en bambou raidlight, manchons sur les avants bras, buff et casquette.

La nuit est mauvaise. Le stress m’empêche de dormir. Et si je n’y arrivais pas? Et si j’entends pas le réveil? Et si il y a des orages violents? Et si le yéti déboule? Etc….

Finalement le réveil sonne à 4h15 et je me retrouve illico habillé et prêt sur la ligne de départ.

Ambiance spéciale. Quelques gouttes de pluie. Les regards sont concentrés. Je suis un peu tendu. Emargement avant de rentrer dans le sas de départ. Je retrouve Rooky qui avait zappé de signer.  Une photo pour immortaliser l’instant.

On se place en queue de peloton derrière la ligne. Pas la peine de se presser : la journée sera longue.

Le go est donné à 5h07. Musique des templiers, fumigènes rouges. Ambiance assez surréaliste dans le village où il fait toujours nuit. Les “fauves” sont lâchés dans la rue principale. Début du bonheur! 300m de plat et c’est partie pour 1000m de dénivelé direction le col de la vanoise. Petit embouteillage pour monter.

Nous sommes dans la partie basse de la queue de peloton. Il doit y avoir seulement 10 personnes derrière nous. Petit stress. Notre tactique de crocodiles est elle bien adaptée? Il ne faudra pas traîner si on veut passer la première barrière horaire.

La montée se fait tranquillement. Début en foret, puis des alpages. On papote un peu avec Rooky et on se retourne fréquemment pour s’assurer de ne pas fermer la marche. Rythme sénatorial, mais pas de cigares.

Nous arrivons au lac des vaches. C’est le site “signature” du parcours. Imaginez un lac avec des rochers plats à fleur d’eau qui le traversent. On a l’impression  littéralement de marcher sur l’eau. Gros kiff!

 

Quand on se retourne, le lac ressemble à une piscine à débordement. Magique!  Mais il faut dejà repartir.

Il fait par contre un peu frais et le vent se lève. De nouveau quelques gouttes. Je mets le coupe vent.

Premier névé. Rooky, aka le chamois de Maisons Laffitte, me prouve qu’il est plus à l’aise dans les forêts de l’ouest parisien que sur la neige. Il nous fait sa chute numéro 1. On rigole mais je ne le sens pas super à l’aise dans la neige. On en reparlera un peu plus loin.

On passe la première barrière horaire avec seulement 10min d’avance au ravito.  J’en profite pour twitter avec mon portable pour informer les amis restés à Paris. (d’ailleurs si vous aussi vous êtes des twittos, vous pouvez me suivre sur @pierre78590). Ca stress un peu Rooky que je fasse mumuse avec mon portable car on n’est pas forcemment en avance. Il a raison!

Lever du soleil. Paysages magnifiques. On commence à courir. Bonheur total.

Lacs, neige, glaciers et terrain roulant. 100% plaisir.

Ca redescend un peu. Passage du blockaus. Derrière nous la grande motte et la station de Tignes. Nous traversons un large pierrier. Arrive la première difficulté technique du jour : traversée d’un névé en dévers sécurisé par une corde. Ne pas tomber sinon la zone d’atterrissage est bardée de rochers 50 mètres plus bas. Je passe en faisant attention. Pas de problème. Rooky dans un style très particulier (entre Candéloro et Jean Alési) attaque le névé à son tour tel un chat à qui on aurait mis des chaussons hi hi hi. (A ne pas rater dans la vidéo). Heureusement pas de casse, ça passe et nous reprenons la course.

De mon côté, petite douleur au tendon/ligament du genou droit qui me gêne un peu en montée. A part ça, RAS.

Passage de la seconde barrière horaire. 45 minutes avant le cut. Nous sommes au km 24. On gère bien. Nous faisons une pause d’une dizaine de minutes. Ravitaillement aux tucs + chocolat. Nous remplissons nos poches à eau et je fais la photo sous le panneau refuge de l’Arpont.

Petit tweet pour tenir au courant les amis restés à Paris. Mais la pluis arrive. Inquiètudes. Si elle se pointe maintenant, on se la prend jusqu’au bout… Heureusement ça s’arrête tout de suite. Ouf! Merci Saint Trail! Le vent chasse les vilains nuages.

On remonte. Retour sous les glaciers. Les chemins sont souvent partagés avec les ruisseaux, donc glissants et un peu boueux. Je me rends compte que les cascadia ne sont pas au top sur les pierres plates et humides. L’accroche n’y est pas bonne et ça glisse sevère. Résulat je me ramasse une premiére fois sur les fesses après un “surf” sur les rochers. Pas de casse mais un bon warning comme quoi il faut rester vigilant tout le temps.

On traverse des torrents. En fonction des passages, les pieds prennent l’eau. Elle est fraîche la coquine.

On s’éloigne un petit peu des glaciers et le GR se transforme en chemin balcon dans les alpages. Après être bien redescendu, on rattaque un petit mur bien casse patte. Notre rythme diminue. Rooky fait la montée en tête. Je suis à 2 ou 3 encablures.  Arrivée en haut, on trotine.  Grandes lignes droites de traverse au dessus de la vallée. Ce n’est pas l’endroit le plus beau,mais c’est très roulant.  On avale du km. Vient une magnifique descente dans un paysage de casse deserte. Le GR serpente en lacets comme sur un circuit. On envoie du steack. Un vrai plaisir de courir dans ces paysages. En plus les jambes répondent bien. Le hic c’est que ce n’est pas si facile de doubler sur ces chemins étroits donc ça bouchonne un peu parfois.

On atteint l’avant dernier refuge ravito à 12 h10, soit 50 minutes avant le cut. Ca nous laisse un peu de marge. Nous sommes au km 38, refuge de plan sec.

Plein de pain, tucs, eau. Au total 10 minutes de pause avant de repartir et attaquer la montée à 2900m. Ca sera la grosse difficulté du jour. Difficulté technique et physique. Mais en attendant, on s’enfonce dans un magnifique cirque. Des copines à cornes nous accompagnent. Heureusement pas de taureau en vue. Ouf car nous sommes tous les 2 en rouge hi hi hi.

Arrivée au bout du cirque, nous sommes littéralement au pied du mur aka le col d’Ossois. Dur dur. Il fait froid, le vent souffle fort et la pente est vraiment costaud. L’altitude nous essouffle un peu plus. On se fait un peu doubler et nous mettons près d’une heure et demie pour passer ce col. Mon tendon me fait de plus en plus mal mais je monte quand même sans trop y penser.

Arrivée en haut, nous sommes à 2916m et au km 47. Yaaaalllaaaaaa!!!! La vue du sommet est magnifique. Paysages sauvages, presque lunaires.

Nous pensons avoir fait le plus dur. Erreur! La descente qui suit est hyper technique. Des CRS sont présents et sécurisent avec des cordes les premiers mètres. Ce ne sera pas superflu. Les rochers sont glissants et le terrain trempé. Nous nous aidons des cordes dans le froid et le vent. Heureusement nos bâtons nous aident beaucoup et rajoutent des points d’appui. Rooky faut des figures acrobatiques entre les rochers : à l’endroit, à l’envers, glissades, blocages, du grand art!

Nous enchaînons ensuite sur 3 névés pentus. Et là tout de se complique car avec la fatigue, difficile de garder l’équilibre. Je tente le tout droit en glissade tel Jean-Claude Dusse de Paris. Ca marche un peu mais je me fais rattraper par des crampes au mollet et fini les fesses dans la neige. Rooky lui préfère directement l’option bobsleigh assis dans la neige. Il nous fait une trace de compét’ dans le névé et s’arrache un peu le shorty.

On a des crampes, on est un peu stressé mais on est mort de rire avec notre technique de pieds nickelés. Par contre il fait bien froid et on a les doigts gelés. Vite, vite allons chercher la chaleur dans la vallée.

Il nous reste maintenant à redescendre de 2800m à 1400m.

Les 300 premiers mètres sont très pentus (pas possible de courir) et très gras car les ruissellements de neiges se confondent avec le GR. Je me tape ma deuxième gamelle et fini les fesses dans l’eau. Bon pour la circulation et rafraîchissant!

Ensuite nous retrouvons les alpages et pouvons à nouveau courir. C’est reparti comme en 40! On envoie!

Arrivée au dernier ravito, il reste 10 derniers km de chemins descendants avant de rejoindre Pralo. Les “crocodiles” sortent de la mare et nous nous rendons compte qu’il nous reste du jus pour envoyer. C’est parti pour la remontée des crocos : nous croquons au moins 25 personnes en finissant autour de 11km/h. Ca fait plaisir!

Je me rappelle notre départ super lent et me dit que cette tactique était la bonne. Rooky est en éclaireur (flying Aubin is back in town sur son terrain de prédilection aka la descente) et m’annonce à chaque virage le nombre de concurrents en ligne de mire. On se fait grave plaisir et reprenons toutes les personnes qui nous nous ont grillés dans la montée du col d’Ossois. Les jambes répondent toujours présent. C’est bon ça!

On nous annonce les 3 derniers kms. Nous sommes en forêt. On fonce!

Traversée du camping. Ca sent la fin. On double un dernier concurrent (pour la petite histoire il s’agissait de Gérard, 60 ans+ qui a fait tous les TGV. Soit 9 éditions! Respect!).

Arrivée dans le village. Sandy et Juliette arrivent à notre rencontre (ils nous attendaient depuis 1h30). Rooky prend sa fille dans ses bras pour les 300 derniers mètres.

Grosse émotion. Beaucoup d’applaudissement dans la rue principale de Pralognan.  Cela fait chaud au coeur. On aperçoit l’arche rouge North Face devant nous.

Passage de la ligne tous les 3. 11h21minutes. Il est 16h30. Le monde s’arrête.L’émotion est intense. J’en ai les larmes aux yeux. We did it!

Au classement nous terminons 319ième sur 430. Pas mal pour une première expérience ultra à la montagne. Et nous ne sommes pas ruinés physiquement.

Le soir, nous nous retrouvons au restau pour un bon gueuleton : raclette + chocolat liégeois + génépi. Hummm… Le kiff!!! Une bien belle journée! Inutile de dire que j’ai passé une bonne nuit derrière… (même si on est reparti à 6h00 du mat’ vers Paris…).

 

Avant de conclure, je souhaite remercier très très fort ma femme qui a supporté les multiples sorties de préparation depuis début Mai. Merci ma princesse!

Et un grand merci à tous les trailers de la section UASG. Sans vous, je n’aurais jamais pris le départ de cette course et je ne l’aurais pas finie non plus. Je vous dois cet immense moment de bonheur. Continuons à partager ensemble notre passion! To infinity and beyond !

 

Bientôt le film à découvrir sur Youtube. Montage en cours. Stay tuned!

 

Petit bilan :

  • Courir en montagne, c’est fabuleux.! La montagne, ça nous gagne!  Le parc de la Vanoise est magnifique. Ca va être dur de reprendre en région parisienne!
  • Ne pas oublier les bâtons : ils permettent vraiment d’économiser 20% à 25% d’énergie (ne pas oublier les mitaines).
  • Qui veut aller loin ménage sa monture et adopte la stratégie du crocodile.
  • Ne jamais courir en montée parce que ça monte.
  • Ne jamais se mettre dans le rouge (s’habiller en rouge est autorisé par contre).
  • Ouvrir les yeux et profiter du paysage. En cas de coup dur, ça rebooste!


12/09/2012
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