UASG ATHLETISME

UASG ATHLETISME

CR Iron Man Nice par Eric

Il est 4h40 du matin, je me réveil doucement. Aujourd'hui Dimanche 27 Juin 2010, les conditions sont idéales. Il fait doux sur la Cité niçoise, la ville est calme, l'aube tire bientôt ses premières lueurs. Pascal[1] et Sébastien[2] se lèvent également. Peu à peu nous entendons également monter du bruit dans le reste de l'hôtel qui doit accueillir ce WE environ 95% de triathlètes. Moment unique, au petit-déjeuner il y a 3 gâteaux sport différents, chacun le  sien mais surtout nous pouvons tester les gouts des différentes marques et surtout vérifier la technique de Sébastien en matière de cuisson au micro onde[3].

Dernières vérifications sur le matériel (la puce, le masque  de natation, la combinaison etc …) nous voilà partis. Il nous faut environ 25mn de marche sur la promenade des Anglais (la Prom' comme disent les locaux) pour rejoindre la zone de départ. La ville n'est pas encore réveillée pour autant dehors se croisent les derniers noctambules qui rentrent chez eux, les camions poubelles qui s'activent, quelques livreurs mais surtout convergent de toute la ville  des triathlètes reconnaissables à leurs tenues.

Une fois rentré dans le parc à vélo, le stress commence à monter doucement. C'est le capharnaüm et l'atmosphère est ambiguë. Certains sont calmes, concentrés et finissent de se changer avec méthode, d'autres  sont déjà hyper stressés et regonflent leurs pneus de vélo encore une dernière fois (pourvu que ça n'éclate pas), celui là cherche un élastique[4] ou de la vaseline[5], pour d'autres la petite famille est là de l'autre côté de la barrière à ….Bref, en 30/40 mn j'ai vérifié la pression de mes pneus, déposé mes gourdes et les barres sur le vélo, pris le temps d'une pause technique dans une des cabines bleues le long du parc à vélo. Je me suis changé, vérifié dossard, la puce au niveau de la cheville, le bonnet de bain et finalement déposé mon sac « ville » à l'organisation au milieu d'un tas immense de sacs de même couleur. C'est un peu la bousculade pour rejoindre la grève. Certains embrassent leur conjoint comme si c'était le départ pour la guerre. L'escalier est n'est pas très large, on piétine un peu. Sur les 120m de la ligne de départ je me positionne tout à gauche avec  les moins bons nageurs[6] . Sans succès je cherche Pascal au milieu du sas +1h25. Quelqu'un me demande en Italien de l'aide  pour fermer correctement sa combinaison dans le dos. Quel honneur, il s'agit de Mario Mazzotti, un des vétérans « papy » de l'épreuve 2010. Ils sont d'ailleurs 3 en plus de 70 ans ! J'ai consulté les résultats, Mario n'a pas fini le Marathon, mais il a tout de même bouclé la natation en 1h27 et le vélo en 8h42 .

Le stress est maintenant là. La musique et le brouhaha couvrent presque le bruit de l'hélicoptère. Les zodiacs et les kayaks se tiennent prêts.

 

C'est parti, il est 7h30 On se croirait dans un film animalier façon Jacques Yves Cousteau lorsque l'orque chasse un banc de macho. Des centaines de triathlètes en combi noire se jettent dans l'eau et se mettent à battre des bras. Il y a en partout. Il y a encore une minute la mer qui était calme et sans vague et voilà que c'est un bouillon d'écume. Il faut quand même y a aller et se jeter à l'eau… cela fait quand des mois que je me prépare pour cela c'est n'est pas le moment d'avoir des appréhensions. Juste le temps d'appuyer sur le chrono et c'est parti. Très vite on a plus pied. Je suis surpris par la clarté de l'eau. On distingue facilement jusqu'à 3 mètres. L'eau est douce, probablement au dessus de 22°C.

Je prends rapidement mes marques et trouve vite mon souffle. Je reçois quelques coups de droite et de gauche mais rien de sérieux. Après quelques minutes, je me dis qu'il faudrait peut-être un peu lever la tête pour vérifier l'azimut. J'ai un peu de mal à distinguer la bouée qui doit être à 1km du rivage. C'est bon, nous nous dirigeons dans la bonne direction. Après 5mn je me sens finalement assez bien. C'est au premier virage que ça se complique. Bien qu'ayant évité de prendre le virage à la corde, il a beaucoup de monde autour de la première bouée. Je prends un coup de pied dans les lunettes, je ne vois plus rien. Je me mets en position sur le dos un bref instant pour remettre mes lunettes et les resserrer. Heureusement qu'elles ne sont pas tombées. Je pense que cela a dû arriver à certains. A plusieurs reprises j'ai vu couler doucement des bonnets bleus un peu comme des méduses entre deux eaux.

Il est plus facile de trouver l'azimut lorsque l'on se dirige vers la plage. En effet, il suffit de choisir un point remarquable sur la ville pour s'aligner sur la bonne direction. Par contre cette première boucle me semble vraiment longue. Depuis 200 /300 mètres je nage tantôt devant, tantôt derrière tantôt à côté d'une nageuse[7] qui me semble vraiment régulière et économique dans ses mouvements. Là je repense aux propos de Gilles[8] qui expliquait qu'en course longue distance les femmes sont souvent très régulières et endurantes, comme des métronomes. Je me dis qu'à me caller sur son rythme je n'ai que des avantages à en tirer. Effectivement, je me contente de rester à sa portée et d'éviter les autres nageurs. Finalement mon drafting  aquatique s'avère être une bonne tactique. Après la première boucle de 2,4km on arrive sur la grève. Des volontaires de l'organisation nous aident à sortir de l'eau car la pente est raide. Il y a du bruit, du monde partout on en perd presque son orientation. Sur le côté je vois un athlète reprendre son souffle, un autre tousse jusqu'à vomir. C'est vrai qu'avec l'eau de mer salée dans le sinus… ce n'est pas très agréable. A peine sorti de l'eau il faut y retourner pour une nouvelle boucle de 1,4km. Au moment de replonger j'aperçois Sébastien à quelques mètres devant moi. Je suis bien surpris de le voir là car c'est un bon nageur. Après quelques minutes j'aperçois de nouveau une combinaison avec des bandes mauves. Pourquoi changer de tactique ? De nouveau je me calle à côté de la nageuse. Les sensations sont bonnes. Mon rythme est régulier. Je sens que les appuis et ma poussée sont corrects car je glisse bien sans faire trop d'effort. Voilà les 3 dernières bouées. Là c'est encore la bousculade. J'ai perdu mon lièvre à la combinaison noire et mauve. Sur la fin, je commence à fatiguer. Je vois nettement les bouées bleues du final, mais c'est dur. En plus sur les derniers 300 derniers mètres un petit courant latéral me fait dériver vers la droite.

Enfin je sors de l'eau. Je titube presque. Je suis le chemin avec les autres sous les encouragements de la foule. On passe sous une douche de plusieurs mètres de long … j'ai juste le temps d'ouvrir ma combinaison et de retirer mon bonnet pour bien rincer l'eau salée de la mer. Je monte l'escalier. J'essaye de reprendre mes esprits et de me concentrer sur la transition pour éviter de perdre bêtement du temps. Je trouve rapidement mon sac « Bike » suspendu sur un des raque et je me dirige vers la tente de transition. J'ai une certaine appréhension avant de rentrer. Samir[9] m'avait brossé une description un peu kafkaïenne de la situation. Effectivement c'est assez difficile à décrire et tout va très vite.

Il s'agit d'une grande structure blanche type « foire expo ». Les cotés sont fermés, les parties avant et arrières sont grandes ouvertes, c'est le passage obligé pour accéder au parc à vélo. Quatre rangées de chaises sont alignées (2 sur les côtés et deux au milieu) de telle sorte qu'il y a comme deux couloirs. Une voix annonce, « les hommes au fond, les femmes devant ! Les garçons vous ne regardez pas ! Il y a de la place là bas.. » Je  trouve une chaise libre. Je suis tenté de me poser un bref instant mais il faut que je retire ma combinaison. Une fois j'ai essayé de m'appliquer pour retirer la combinaison mais c'est encore la technique de la peau de lapin que l'on dépiaute qui fonctionne le mieux. A la fin il faut aussi piétiner et lever les jambes l'une après l'autre un peu comme les jeunes enfants lorsqu'ils veulent retirer leur pantalon avec les chaussures aux pieds. Ouf, c'est fait. Je regarde par terre mes affaires pour savoir par quoi je vais commencer… Je constate que je n'ai pas pris de serviette, j'emprunte celle de mon voisin de droite, je retire mon maillot de bain, j'enfile mes chaussettes, une volontaire de l'organisation vient gentiment m'aider à ranger ma combinaison dans le sac de transition, une autre est en train de mettre de la crème solaire sur mon voisin de gauche, (je suis toujours en chaussettes) j'en profite également pour me faire badigeonner le dos, je me mets de la crème Nok[10] entre les jambes , j'enfile mon cuissard et mon maillot, je range masque de natation et maillot de bain avec la combi, j'ai mon casque sur la tête. Je crois que je n'ai rien oublié. Un dernier coup d'œil et je me dirige vers la sortie avec les chaussures de vélo à la main. Je jette mon sac « Bike » sur le tas avec les autres et pars à la recherche de mon vélo.

Je suis agréablement surpris de voir qu'il y a encore de nombreux vélos dans le parc. Moi qui pensais être dans le dernier quart du classement après la natation je constate qu'il y a du monde dernière moi. Cela me donne du boum au cœur pour attaquer la deuxième épreuve. Je sors du parc à vélo en trottinant. Je mets mes chaussures pendant qu'un spectateur me tiens le vélo, et me voilà parti pour 180 km. Je suis prudent car chacun ajuste ses affaires en roulant, son casque, ses lunettes. On se restaure en buvant et mangeant un peu. Bref les vélos zigzaguent un peu alors que nous roulons à environs 30 - 32 km/h. Quelques triathlètes attaquent directement à 38/ 40 km/h sur gros développement en position de contre la montre, mais pour la plus-part des concurrents c'est plutôt un « tour de chauffe ».

Après avoir bien bu et mangé quelques barres sucrées je pensais que j'allais rapidement prendre mes marques sur cette première portion assez plate. Il n'en est rien. Mes jambes ne répondent pas bien, comme si j'avais accumulé de la fatigue mais pourtant  je me sens bien et reposé ? Je n'insiste pas car la journée va être longue et qu'il faut être prudent. Les kilomètres passent, l'aéroport est derrière nous et nous sommes maintenant sur du faux plat montant en direction de St Paul de Vence. Je ne comprends pas pourquoi après 15/20mn de vélo je n'arrive pas à trouver mes sensations habituelles, je reste néanmoins au contact avec les autres coureurs. Finalement arrive la première difficulté. Il s'agit d'un raidillon à 13%-14% sur 500m en ligne droite et route étroite. Je mets le braquet le plus souple et je passe cette première difficulté assez facilement. Là on continue l'ascension et je me sens beaucoup mieux. J'ai enfin « retrouvé » mes jambes et mes sensations. En fin de compte ce raidillon m'a fait le plus grand bien[11]. ().

C'est de plus en plus facile et je commence à doubler du monde dans les ascensions, dans les relances. Je suis même un peu euphorique. J'essaye de profiter de la situation favorable en roulant à bon rythme tout en gardant de la marge car je sais qu'un gros morceau nous attend plus loin. Le circuit s'enfonce de plus en plus dans l'arrière pays niçois. Les paysages sont magnifiques. Nous traversons des villages typiques du pays. Parfois le public est là à nous encourager. « Allez Eric[12]  ! bravo ! courage ! super !». A chaque fois on a l'impression d'être un peu porté par le public.

Je surveille mon compteur et l'on approche du kilomètre 70. Je profite de ravitaillement pour faire le plein, bien m'hydrater. J'attrape un bidon d'eau et un autre de boisson énergétique. Il y a une petite descente j'en profite pour bien m'étirer les mollets car arrive le « plat de résistance » de la journée. Il s'agit de monter au col de l'Ecre, c'est une côte de 23 km à environ 5%-6% de moyenne. C'est la première fois que je m'attaque à une côte aussi longue. Sur cette ascension la pente n'est pas très difficile, pas contre il n'y a aucun répit. Je me sens plutôt bien, je reste prudent mais le fait de doubler de plus en plus de concurrents ça me donne encore plus l'envie d'y aller. Au bout de 15 mn d'ascension j'aperçois un cycliste aux couleurs de l'U.A.S.G. C'est Romain[13] ! Lui aussi semble bien. Je suis content de voir enfin un visage familier et accessoirement d'avoir rejoint mon « meilleur adversaire ». Nous discutons un petit moment. Je pensais que nous allions continuer ensemble mais finalement Romain reste sur son rythme.

 

Je poursuis donc l'ascension sans compagnon. Il commence à faire vraiment chaud. Sur la route en lacet, il y a de moins en moins d'ombre. Je m'hydrate régulièrement, je me force à prendre un peu de barre énergétique car cette partie est éprouvante musculairement et qu'il faut reprendre des sucres pour ne pas avoir de défaillance un peu plus loin. Je constate que certains sont à la peine et que finalement ça ne se passe pas si mal que cela pour moi. Le fait de doubler certains qui au départ partaient comme pour un contre la montre de 40 km quand nous étions encore dans Nice, cela fait finalement sourire de les voir maintenant en difficulté. Je garde un rythme régulier et j'essaye  de maintenir une vitesse minimun de 20km selon le pourcentage. Par contre je flanche un peu moralement sur les 4/5 derniers kilomètres de l'ascension… c'est si long. Heureusement que l'idée du sandwich Fromage, Jambon, Beurre que j'ai préparé ce matin et qui m'attend en haut du col va me faire du bien.

C'est fait je vois le ravitaillement. Les sacs sont posés sur la chaussée, classés par numéro de dossard. Une dame me tend mon sac, je récupère le précieux sandwich et la portion de gâteau sport. Je vais un peu plus loin faire une pause. Juste le temps de faire une brève escale technique et de croquer à pleines dents sur le sandwich que je suis déjà reparti. Je ne veux pas m'arrêter pour ne pas « refroidir la machine ». Je reprends la route sans oublier de récupérer deux bidons pleins (eau + boisson sport). Je roule doucement pour me restaurer. Bizarrement je suis vite rassasié. Rapidement la route est en descente et je prends trop de vitesse pour manger en sécurité. Je calle le reste de mon sandwich dans le prolongateur et c'est reparti. Avec la vitesse le vent apporte une sensation de fraicheur bien agréable. Cela fait du bien de rouler à 35/40km sans effort mais c'est dangereux, d'autant plus que les coureurs du genre contre la montre semblent de nouveau à leur aise. Quelques un que j'avais laissé derrière moi quelques minutes plus tôt dans le côte me redoublent. Certains roulent 4 ou 5 km/h plus vite que moi. Je ne vais tout de même pas laisser faire et perdre toutes ces places gagnées ! Je décide moi aussi d'attaquer. Je mets le plus gros développement,  agrippé sur mon prolongateur  je file moi aussi au-delà des 45-50km/h.

 

Je profite d'une ou deux bosses pour boire et me forcer à manger un peu. Par contre les intestins commencent à être capricieux. Il n'y avait pas de coca sur le dernier ravito, heureusement qu'au suivant il y en avait. Je décide de stopper la boisson énergétique et de prendre plusieurs bananes à chaque ravito et prendre un maximum de Coca coupé avec de l'eau. Je suis ce « régime » jusqu'au retour sur Nice.

La suite du vélo se passe bien. Il y a une deuxième côte de 7km à 3 ou 4 %. Puis arrive un partie plate de 10km aller - retour sur la même route ce qui permet de voir qui est devant et derrière soi, bref de jauger ses concurrents directes. Sur la fin il y a quasiment que de la descente jusqu'au kilomètre 150. Par contre les 30 derniers km sont difficiles. Nous avons le vent de face sur cette portion plate, la fatigue se fait sentir et il n'y a beaucoup moins de coureurs. Je repense à Romain qui avait regretté l'année précédente de s'être « économisé » sur cette partie en vue de la transition au marathon. Je décide donc de maintenir l'effort le plus longtemps possible. A ce moment le bénéfice du prolongateur est vraiment intéressant. J'arrive à maintenir 40-42 km/h.

 

Voilà enfin la mer et la Prom'. Il y a du monde partout (contrairement à ce matin). Les derniers 4/5 km m'ont finalement semblés bien longs même en vélo. En plus il va falloir refaire ce trajet 4 fois aller-retour à pied. Je chasse les idées noires et je mange des barres et je bois ce qu'il me reste de sucré pour reprendre des forces car je vais en avoir besoin.

A l'arrivée au parc à vélo, un volontaire prend mon cycle et le place dans l'ordre d'arrivée. J'observe, avec une certaine fierté, qu'il n'y a pas encore beaucoup de vélo. Récupération du sac « Run » et retour dans la tente. Il fait lourd et chaud. J'ai besoin de prendre mon temps pour enfiler ma Tri fonction aux couleurs de l'UASG, la crème Nok sur les pieds, les chaussures, le bandana contre la sueur et la casquette contre le soleil. J'ai besoin de me reconditionner, de me dire que ça va bien se passer… mais j'ai une grosse appréhension. « C'est maintenant que ça se joue ».

Quelle ambiance incroyable ! Il y a une foule cosmopolite qui encourage les coureurs, la musique, la sono… Les jambes sont lourdes et toutes molles mais je n'ai pas mal. Si mes muscles ne sont pas durs, c'est plutôt bon signe ? Comme je m'y attendais, des coureurs s'élancent rapidement à 13km ou plus alors que j'en suis encore à chercher mon rythme à 11km. Sur les 5 premiers  km, je me contente de regarder comment ça se passe, je surveille aussi les cyclistes qui arrivent et si j'aperçois parmi les coureurs d'autre UASG. Je reconnais Emmanuel Colombard et David Lebrat[14]. On s'échange un petit signe au moment de se croiser. David semble vraiment léger. On a l'impression qu'il est sur une épreuve type Semi-marathon et non pas sur la 3eme épreuve d'un Iron man !

De mon côté ça se passe pas si mal que cela. J'ai trouvé mes marques. J'avance  probablement autour de 11 km/h. Je marche 10 -15 mètres à chaque ravitaillement le temps de boire de l'eau + un verre de boisons isotonique ou du coca. Arrivé à l'aéroport au demi- tour, comme me l'avait expliqué Romain on aperçoit au loin le dôme de l'hôtel Négressco et il faut retourner là bas… Je croise justement Romain un peu plus loin. On se fait un petit signe d'encouragement mais je sais que j'ai maintenant un chasseur à environ 8 minutes derrière moi et qu'il reste encore 35km avant l'arrivée. Mon avance sur Romain n'est pas significative compte tenu de ce qu'il reste à parcourir. Vers le 7  ou 8eme kilomètre j'ai l'honneur de me faire doubler par Marcel Zamora. Le leader et quintuple vainqueur de l'épreuve est annoncé par un VTTiste qui lui fait l'ouverture. Marcel est sur sa dernière boucle du Marathon, il lui reste 4 km.

Lorsque je fini ma première boucle, j'entends le speaker interviewer Marcel. Cette fois je regarde mon chrono pour surveiller mon avance sur Romain. C'est bon, nous sommes tous les deux sur la même allure, je conserve pour le moment ma petite avance.

Il y a maintenant un peu plus de monde sur la partie course à pied mais les cyclistes continuent d'arriver. Je cours avec 2/3 autres triathlètes pour essayer de garder un rythme régulier. A ce moment la fatigue n'est pas encore trop présente mais je sens venir le coup de pompe. Je décide de prendre mon premier gel de la journée pour me donner un coup de fouet. Avec toutes les bananes et les verres de coca que j'ai pris avant, il ne devrait pas y avoir de problème. J'ai effectivement le coup de fouet mais après 10mn, les intestins sont à la « limite ». Je décide de m'interdire les gels et qu'avant chaque ravitaillement je devais déterminer ce que j'allais prendre (Coca, eau, boisson sport, des Tucs, bananes, oranges, barres de céréales) selon mon état de forme. Ainsi, plus de question à se poser au moment du ravito, plus d'hésitation.  

Le deuxième  tour passe encore. Il fait vraiment chaud mais je m'hydrate correctement. Il y a de plus en plus de monde. Je croise enfin les autres copains que je n'avais pas vu avant. C'est surtout entre le 20eme et 30 km que j'ai eu « des coups de moins bien »[15]. Heureusement l'équipe de supporters de Romain était là aussi pour me soutenir quand je passais devant leur abribus. De voir aussi des athlètes craquer, se mettre à marcher ou même s'allonger sous un palmier ...  finalement ça me remonte le moral. A chaque virage je surveille mon avance sur Romain. Un moment j'ai perdu 3 ou 4 minutes sur les quelques 5km de la Prom'.

Enfin, je récupère mon denier chouchou[16], il me reste environ 10 km à faire. Je décide d'accélérer doucement sur les 5km suivants mais je continue à marcher quelques mètres à chaque ravito pour prendre des Tucs, du coca ou de l'eau. Sur le dernier virage je constate que j'ai repris de l'avance sur Romain. Je sais maintenant qu'il ne peut plus me reprendre. Je jette mes dernières forces sur cette dernière ligne droite. Je saute même deux ravitaillements, voilà enfin le Negresco. C'est la fin, je m'engage sur la « finish line ». Il y a du monde, la musique, le speaker, les organisateurs on même prévu les Pom Pom girls juste avant la ligne d'arrivée ! 

 

Quelle émotion. Je récupère ma médaille plus le Tee-shirt de finisher et je me dirige vers la zone d'après course. Je retrouve tous mes sacs, je me dirige vers les stands de ravitaillement. J'arrive à peine à manger du solide, je n'ai pas faim du tout. Je décide alors de tenter ma chance pour un massage. C'est la première fois car lors des courses il y a toujours une queue terrible aux tables de massage. Là il n'y a pas trop de monde sur les 25 ou 30 tables de massage en demi-cercle, à l'ombre et au calme. J'ai attendu environ 10mn devant une table. Après un massage des mollets et les cuisses, par d'une jeune étudiante en kinésithérapie j'ai même eu le droit à un petit supplément de 4-5 mn pour le dos et cervicales. C'était tip top. Je pense que grâce à ce traitement j'ai gagné en récupération et évité les douleurs du lendemain.

Je retrouve à la sortie Romain avec toute sa bande d'amis. Apres quelques échanges, je vais me poster avec le public pour attendre Pascal. C'est sympa aussi de voir la course de l'autre côté. Pascal arrive enfin et termine quasiment avec Sébastien. Je décide finalement de rentrer à l'hôtel pour prendre une bonne douche récupérer un peu. A 20h30 je retourne sur la Prom' pour voir la fin de l'épreuve. « Je retrouverai Pascal et Sébastien dans un restau un peu plus tard. »

Vers 21h, l'ambiance n'est plus du tout le même. Il n'y a presque plus de public sur la Pom', sauf sur la finish line. Les rares athlètes encore en course semblent vraiment au bout de leurs forces. Aucun ne cours ou alors seulement sur 500 mètres pour  trottiner. Un jeune couple de Danois se tient par la  main et marchent à 4 ou 5 km/h. Ils finissent ensemble en environ 15h40mn de course et s'embrassent comme des jeunes mariés sous les applaudissements. Certaines portions des barrières sont en train d'être démontées alors qu'il y a encore quelques triathlètes éparses. Il est maintenant 21h55, il fait nuit, plus que 5mn avant la fin. Là bas, à 1 km en provenance de l'aéroport des bénévoles se regroupent. Ils avancent doucement, ils font du bruit. Ils passent enfin à ma hauteur. En fait ils encouragent le dernier triathlète  en mesure de franchir la ligne avant 22h00. Les bénévoles le galvanisent à tel point que celui fini le dernier kilomètre en courant et sous la clameur de tout le public. « Les derniers seront les premiers [17]». Ici, le dernier a droit à tous les honneurs ; les applaudissements nourris du public et l'honneur de recevoir sa médaille de la main du vainqueur, Marcel Zamora ! [Je ne pense pas que l'on retrouve cet état d'esprit dans d'autres sports bien plus connus].

A 22h05 le Triathlon de Nice 2010 est clôturé par un feu d'artifice lancé depuis la mer. C'était vraiment une longue et belle journée.


Quelques chiffres :

·         La course

Nombre d'Athlètes au départ : environ 2.700

1er Marcel Zamora          8h25

14eme  Tine Deckers     9h21      14eme au scratch et 1ere féminine

24eme  David Lebrat     9h28      3eme chez les 25/30 ans, qualifié Hawai et 1er UASG.

602eme Eric LAFONT     11h29   

2312eme – KILZ Raymond 16h00'36''   Dernier de l'épreuve ! (catégorie plus de  60 ans)

177 non partants

246 n'ont pas fini l'épreuve ou au-delà des 16 heures maxi de l'épreuve.

174 féminines inscrites dont une anglaise de plus de 60 ans qui termine en 14h10 ! Respect. Seulement 16 femmes n'ont pas fini.

·         Eric        Total 11h29

Swim (3.8km)                   1h17      je suis 1.363 ème

                Transition 1                       8m13sec

                Bike (180km)                    5h59      30km/h de moyenne. Je suis 940 ème

                Transition 2                       6m44sec             

                Run (42.2km)                    3h57   10.6km/h de moyenne. Je termine 602ème.

                                

·         Entrainements entre le 1er Janvier et le 27 Juin 2010.

Natation : Environ 162 km parcourus à raison de 2 entrainements/semaine  jusque début Mars (52km) et 3 entrainements à partir du 15 Mars (110km).

Vélo : 3.445 km depuis Janvier 2010 dont 2.500 km à partir d'Avril.

Course à Pied : 960km de parcourus jusqu'à Nice dont 410 km à partir d'Avril.

Moyenne de 10h de sport/semaine entre Jan et Mars puis 15h/semaine à partir d'Avril avec quelques pics à 17h ou 18h00 la semaine.

 

Remarques :

Les plus : L'organisation de la course est vraiment exceptionnelle. Le prix d'inscription est élevé mais il est à la hauteur de la prestation. Le parcours à vélo est splendide, le cadre général de l'épreuve est magique.

La pasta party du Vendredi soir était superbe. Le cadre, le buffet.

Le massage après course (mais ça vous l'avez déjà noté).

 

Les moins : Je comprends que RedBull est un sponsor de la course, mais j'aurais préféré de l'eau gazeuse fraiche après la coures plutôt qu'un Red Bull à vous faire retourner le cœur et les intestins.

Combien de gobelets en plastiques ont été jetés durant cette épreuve ? Je pense au moins 70.000  

Remerciements :

Je me dois par commencer cette longue liste de remerciement par Gilles Cormier et Olivier Baillet. Il y a 5 ans lors d'un repas avec ces deux frappadingues, j'ai effleuré ce que l'on pouvait ressentir quand on boucle l'UTMB ou l'Iron Man d'Hawai. Bref, si j'ai attrapé le virus c'est en partie à cause de ces deux là. Je pense aussi à mon cousin Pascal, coéquipier de longue date pour les Raids multisports, partenaire d'entrainement pour Nice et surtout c'est lui qui nous a inscri un jour au Triathlon découverte de St Germain en Dec 1999. Je remercie les membres de l'UASG, les Triathlètes comme les Athlètes à commencer par Bibi notre secrétaire et toutes ceux et celles qui m'ont encouragé. Samir K, Laurent T, Vincent B., David L notre champion, Corine C, Michel l.B, Eric  L, Pierre B., Alexandre Q. merci pour vos conseils en tous genre et le partage de vos expériences. Merci aux partenaires d'entrainement. Les coureurs de la piste Jean Guimier. Pour le vélo, combien d'heures passées avec Pascal, Cyril, Romain et parfois Didier  ? Une mention spéciale pour Romain que j'ai harcelé de questions concernant l'Iron Man de Nice… rien que pour sa patience il mérite les palmes. Je remercie Carole  ma prof. de natation qui a réussi à me mettre à niveau en 2 ans alors que je ne savais pas véritablement nager le crawl avant de commencer. Merci aux copains du l'USML Natation et leurs encouragements. Je ne peux oublier tous les collègues de la SG qui ont suivi ma préparation, l'accueil de mon service à mon retour de Nice . Merci à Sébastien le Toubib 100.000 volts. Merci à mes amis et ma famille pour leur sollicitude, et surtout merci à mon épouse, Anne, qui malgré elle m'a soutenu pendant les longues semaines de préparation.

Conclusion

Faire et finir l'Iron Man de Nice c'était mon objectif pour mes 40 ans. Quelle aventure et quelles émotions. Bien entendu après y avoir gouté on a envie de replonger mais j'ai fait la promesse de lever le pied  … en 2011…      

C'est vrai que c'est compliqué de trouver le temps et l'énergie pour la préparation. A mon sens le plus dur ce n'est pas de faire un Iron Man mais de le préparer et d'être là  le jour J. J'ai eu la chance de ne pas me blesser et d'avoir pu mener ce projet jusqu'au bout.

Je souhaite à ceux et celles qui rêvent de réaliser ce type d'aventure d'y croire. Dites vous qu'Eric Lafont a bien réussi à le faire ça doit donc être faisable.  

 

   



[1] Pascal est mon cousin écolo et également mon partenaire d'aventures (Raids multisports, Courses d'Orientations etc…) depuis de nombreuses années. Quand nous ne sommes pas en équipe sur un Raid nous faisons du sport ensemble pour être l'un contre l'autre. Mais très souvent je perds à la course à pied. Pascal s'est chargé de l'hébergement sur Nice. Nous avons pris un Appart Hotel avec Sébastien.

[2] Sébastien est un ami de Pascal. C'est le toubib le plus bavard qu'il m'ait été donné de rencontrer, le genre Belmondo dans le Magnifique avec la gentillesse en plus.

[3] Le gâteau sport se cuit normalement dans un vrai four et dans un plat rond de 20/25 cm de diamètre. Dans la kitchenette de l'appart Hotel où nous étions, nous n'avions ni le four, ni le plat.  

[4] Certains triathlètes sont en plus acrobates. Lors de la transition Natation – Velo, ils sautent directement, pieds nus, sur le vélo sur lequel sont déjà clipés les chaussures. Le problème est qu'il faut les maintenir à l'horizontale le temps de les enfiler au pied tout cela en roulant. D'où l'intérêt des élastiques.

[5] La vaseline se met dans le cou et sous les bras pour éviter les irritations avec la combinaison et l'eau salée. Vous pensiez à autre chose ?

[6] A Nice, les triathlètes choisissent librement un sas de départ entre moins d'1heure et plus de 1h25. Ainsi les plus rapides au milieu s'extirpent plus  facilement de la masse et vont au plus court sur la première bouée. Les autres sont sur les côtés. Cela évite un peu la bousculade.

[7] Je le sais grâce à sa combinaison sur laquelle il y a des bandes de couleurs mauves …. Pas vraiment une tenue pour les garçons !

[8] Gilles Cormier, responsable de la section Athlé de la SG et coach à ses heures. Gilles a une grande expérience des courses sur tous les formats du 10km au marathon et surtout des Ultra Trails. (5 ou 6 UTMB à son actif !). Il n'y a que 2 courses sur lequel on ne le trouve généralement pas ; le Cross IBM et la course de l'Arche de la Défense.       

[9] Samir Kadem grand coureur de l'UASG et ancien Triathète émérite. Tout au long des mois de préparation, outre des conseils pratiques  Samir venait régulièrement s'enquérir de ma préparation à vélo. « 3000km tu devras parcourir ! ».

[10] Crème Nok Akileine. Super crème contre les frottements, ampoules etc…

[11] C'est après la course que j'ai eu l'explication. Etant donné que la natation a duré assez longtemps, je sang a irrigué en priorité les membres supérieurs au détriment du reste. Au moment de la transition Nat – Vélo, il faut un lapse de temps pour que sang vienne irriguer convenablement les muscles des membres inférieurs

[12] Ça c'est l'avantage d'avoir son prénom sur le dossard.

[13] Romain, membre de l'UASG Triathlon, rocker et musicien talentueux et surtout de la bonne humeur tous les jours. Compagnon idéal pour l'entrainement cyclo et courses sur route. Par contre le VTT et le trail nature ne sont pas faits pour lui. Avec Romain, il faut éviter tout ce qui peut salir  

[14] David est Le champion de l'UASG Triathlon. Un zest de timidité mais un talent sportif incroyable. C'est son 3me Iron Man à Nice (il faut aussi compter Embrun ?) et il est  sélectionné  pour les Championnats du monde à Hawai en Oct 2010, la consécration.

[15] Célèbre expression de Laurent Thézé (UASG Athlé).

[16] A chaque tour, les athlètes récupèrent un Chouchou de couleur différente. 3 chouchous signifie qu'il ne reste plus qu'un tour.

[17] non ce n'est pas de moi, c'est une citation du Grand Livre



12/09/2010
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