CR Saintélyon par Greg le Playboy le 04/12/2010
Journal de bord Saintélyon 2010 :
Jeudi 02 décembre 2010 réveil :
Mon mal de gorge qui dure depuis quelques jours s'accompagne depuis ce matin d'une forte toux. Je passe dans une pharmacie pour acheter un nécessaire de survie : Ibuprofen et sirop contre la toux. Je crois les doigts pour que cela ne soit pas trop handicapant pour la course qui arrive à grands pas.
Jeudi 02 décembre 2010 soir :
La fièvre est apparue et est montée toute la journée. Les symptômes grippaux sont là. Je préfère les ignorer plutôt que d'être obligé d'avouer que ma participation à
Vendredi 03 décembre 2010 :
Je suis complètement shooté aux médocs. 6 fervex par jour au lieu de 4, je n'ose pas en prendre plus. La bouteille de sirop diminue à vitesse grand V.
Samedi 04 décembre 2010 :
Difficile de résumé l'avant course. Tout s'est passé de façon nuageuse dans ma tête. Les doses de médoc et la fièvre doivent y être pour quelque chose. Le stress de la course aussi, certainement. Je vais essayer quand même…
9h :
Je me recouche, je ne tiens pas debout.
12h :
Debout pour le repas. J'arrive à ingurgiter quelques pates
14h :
De retour au lit.
15h :
Je me lève, je n'arrive pas à dormir. La machine semble tenir la route. Je me mets à l'ordi pour voir si l'édition 2010 est annulée ou pas. Non. Les trains sont en retard mais ils arrivent sur place quand même. Bref, la course aura bien lieu et on devrait pouvoir y être à l'heure.
Laurent tente de me contacter pour savoir si j'y vais. Je mets 20 minutes à enfin de me décider. Le SMS part à 16h30 : « Je viens. Je suis pas bien mais je viens quand même. »
C'est à ce moment là que je me suis décidé. Le fait que cette course conditionne (par l'obtention d'un point nécessaire pour valider une inscription à
Tout a été vite après : faire le sac (rien n'était prêt…), préparer ma boisson magique dont je vous fournirai le secret un peu plus tard et prendre le RER pour Gare de Lyon.
18h30 :
Arrivé à
23h :
Nous sommes pratiquement en tenue (le TGV a servi de vestiaire à un certains nombres de coureurs) et arrivé à Saint-Etienne.
Greg : « Euh, Lolo, vu qu'à 16h je pensais pas y aller, j'ai rien regardé en terme d'orgas… on y va comment au départ de la course ? »
Laurent : « T'inquiete pas on va suivre des coureurs qui sont dans le même train que nous »
C'est une technique qui marche admirablement bien J
23h10 :
On entre dans un hall rempli de gens qui n'ont pas tous l'air motivé pour aller courir par -10° de nuit. Ca dort encore à certains endroits, ca grogne à d'autres…
Fidèle à notre technique du « on suit les coureurs qui ont l'air de savoir où ils vont », nous nous enfonçons inexorablement dans le mauvais hall pendant 5 min. Ne voyant pas les retraits des dossards, nous interrogeons une personne déjà en tenue de combat. La réponse tombe tel un couperet : vous êtes complètement à l'opposé. C'est à l'autre bout de l'autre hall.
Pas si admirable que ça cette méthode au final J
23h20 :
File d'attente pour les dossards. Des centaines de personne devant nous. Ca avance bien mais ca va être juste quand même. On remarque qu'une bonne partie des coureurs n'est pas en tenue et ne semble pas pressé. Ce sont des relayeurs qui partiront 2h après nous. On demande aux orga de nous faire passer en priorité, ce qui fut très intelligemment fait.
23h30 :
On a nos dossards. Reste à finaliser la tenue et le sac de course… et à déposer les sacs de voyage. Là encore ce fut folklo. Nous n'avons pas eu le temps de nous poser de questions sur quoi emporter vu le délai avant le départ de la course. Tout sera fait à l'arrache. Cela coutera un podomètre mal accroché à Laurent (et donc perdu dès le 13ème kilomètre. Il a enfin trouvé une excuse pour se faire offrir une nouvelle montre !!!) et pas de nourritures salées pour moi. On a vu pire comme erreurs vu les conditions dans lesquelles nous étions.
23h55 :
Sac balancé dans un bus qui doit nous les déposer à Lyon, nous voilà enfin prêts !
Nous nous dirigeons vers la ligne de départ. Nous nous frayons un chemin sur les côtés pour essayer de se rapprocher du bout de la ligne droite et du virage à 90° à gauche… Bizarre, j'avais lu que ca partait par un virage à droite… ah ben oui, normal, juste après le virage il y a encore une ligne droite remplie de gens qui attendent le départ ! Bon, on partira donc 4000ème et on verra bien J
Dimanche 5 décembre
0h00 : Top départ.
Enfin il paraît parce que pour nous le passage de la ligne se fera 5 minutes plus tard.
Nous sommes dans le grand bain. Enfin. Il fait froid. Très froid (-7°). Mais les premiers kilomètres roulants vont nous aider à nous réchauffer.
L'ambiance est plutôt bonne autour de nous et ca discute beaucoup. Nous lançons tout doucement la machine. 9 puis
Pensant que ce serait le cas, nous avions déjà décidé que je ne tirerai jamais sur la machine sauf cas exceptionnel sur la fin.
Laurent m'emmène donc sur un bon rythme dans cette première portion qui nous voit avaler
Ce fut le cas sur les 15 premiers kilomètres jusqu'au premier ravitaillement de Saint Christo.
2h : Saint Christo
Nous y arrivons en 2h. 7,5 de moyenne avec les belles montées dans la neige et sans se mettre dans le rouge, nous sommes sur de bonnes bases par rapport à notre planning. Le classement est correct : 2839ème, cela nous met quasiment à la moitié sachant que nous étions partis dans les derniers.
Nous ne nous attardons pas à ce premier ravito (2 min le temps de traverser la tente bondée), nous avions prévu de quoi tenir au moins jusqu'à Sainte Catherine. Avec du recul, nous avions même vu très large…
Nous repartons en direction de Sainte Catherine sur une portion qui devrait nous faire passer par le point culminant de cette épreuve (850m), situé juste après Monceau.
En redémarrant, nous décidons avec Laurent de nous séparer. Je vais tout faire au train sans jamais forcer puisque le cœur ne suit pas. Laurent a plus de marge, il va pouvoir se lancer dans l'aventure solo et table sur un parcours en 9h environ (nous sommes sur ce rythme là à ce moment de la course).
Il me dépose littéralement dans une montée. Il a la patate le Lolo !
L'aventure solitaire commence à ce moment là. Nous sommes au 17ème kilomètre. Il est 2h15. J'ai le moral, la forme physique aussi. Ma boisson fait vraiment des miracles.
Je continue tranquillement pendant quelques kilomètres et je tombe sur un ravitaillement surprise à Monceau.
2h54 : Monceau
Ce ravito, au 22ème kilomètre, avait été supprimé par l'organisation quelques semaines avant le départ mais vues les conditions, il a été ajouté au dernier moment. C'était un bon point. Seul hic, pas de gobelet à ce ravito, il fallait prendre celui fourni par l'organisation au départ… quand on a eu le temps de faire la queue pour ça… Bilan je ne peux rien boire de chaud, je continue. J'y suis passé en 2258ème place, i.e mi-peloton.
1000m plus loin j'arrive au point culminant… le chemin s'est transformé en monotrace. Vu les quantités de neige, les coureurs évitent de passer sur les bords… trop d'effort. Et autant quand on est dans les premiers, le monotrace, ce n'est pas très gênant… quand on est dans la masse, on a vite l'impression d'être sur le périph à une heure de pointe. C'est assez hallucinant comme sensation.
Nous sommes haut perchés pour la région, nous voyons donc bien qu'il n'y a rien autour de nous… rien à part 3000 coureurs/lampes frontales qui sont en file indienne sur un chemin à travers la neige à 3h du mat. Impression de ne pas être sur la planète terre.
Mais qui dit file indienne, dit marche et non plus course. Il vente un peu, il fait en dessous de -10°… Pas vraiment une partie de plaisir. Le froid s'immisce partout et provoque des quintes de toux qui ont failli me faire abandonner… c'est un grand soulagement de voir la troupe se relancer dans la course après
3h50 : Sainte Catherine
27ème kilomètre… 1h pour faire
L'entrée dans la tente est un vrai bonheur : il y fait chaud… enfin chaud pour quelqu'un qui vient de passer 3h par -10°. J'avais depuis longtemps décidé que Sainte Catherine serait un de mes 2 juges de paix de cette épreuve, l'autre étant Soucieu au km 45. Grosso modo le 1er et le 2ème tiers passés. Je comptais passer du temps à ces deux ravitos. Ce fut le cas puisque je suis resté 30 minutes à Sainte Catherine. Retrait de la veste et du dossard pour enfin remplir ma poche à eau avec ma boisson magique. Quelques gâteaux et morceaux de chocolat pour reprendre des forces, obtention d'un gobelet en plastique auprès d'un bénévole très sympa pour enfin boire une bonne soupe salé. Ca fait du bien de manger/boire du salé en course longue. C'est indispensable et de toute façon, le sucré écœure assez rapidement.
Après un moment de repos, j'enfile à nouveau mon sac, ma veste gelée, et mon dossard. Et l'enfer reprend. Je dis enfer, car quand on ressort et qu'on prend une claque au niveau de la température et que l'on baigne dans des tenues froides, c'est une vraie claque.
Les différents concurrents autour de moi souffrent. D'autant plus que nous commençons à être doublés par les relais qui, eux, tournent à un rythme effrayant et sans grande prudence.
La montée qui survient juste après Sainte Catherine fait du bien. C'est surprenant de dire cela mais elle permet de se réchauffer sans que musculairement ce soit trop dur. Une descente verglacée comme on en rencontrera plus tard aurait été bien plus traumatisante pour les jambes et le moral.
En revanche, passé le cap du 32ème kilomètre nous rentrons dans la descente du bois d'Arfeuille. Elle est réputée et je comprends maintenant pourquoi. C'est typiquement le type de descente dans laquelle je fais des temps… en condition normale. Technique, pentue, avec quelques parties roulantes permettant de reprendre de la vitesse pour les bons descendeurs. Tout ce que j'aime.
Seul hic, cette nuit là, c'est une piste de bobsleigh. D'ailleurs certains coureurs l'ont bien compris puisqu'ils descendent tout sur les fesses. Je n'ose imaginer l'état de leur postérieur au bout des 3 km J
Là, je décide de couper mon effort et d'être extrêmement prudent. Je ne suis pas assez en forme pour risquer une vraie descente. Je préfère donc perdre des places et du temps plutôt que de me blesser. Avec du recul, je pense avoir bien fait vu le nombre de blessés que je verrai sur le bord de la route (et parmi eux, des trucs assez graves).
Enfin arrivé en bas, devant nous un nouveau mur, les muscles souffrent beaucoup. Cela ralentit partout autour de moi. On sent le moral des coureurs tomber en flèche. Cette descente aura provoqué une vraie hécatombe.
5h52 : Sainte Genoux
C'est grosso modo la mi course (entre 34 et
Je décide de ne pas trop m'attarder à ce ravito même si je prends quand même 5 minutes pour boire une soupe chaude.
Les têtes autour de moi sont défaites. Les mines tristes. Les abandons se comptent à la pelle. Un bus de 70 coureurs vient de partir, un autre est en préparation. L'organisation en fait monter un 3ème car cela se remplit trop vite.
Je repars. En sortant de la tente je manque de me tromper de chemin. J'allais suivre un groupe de coureurs, ils étaient en fait en train d'abandonner. Je me suis posé la question de faire comme eux. Et comme à chaque fois, je me suis dit : « pour le moment, ça tient, reste prudent et repose toi la question au prochain ravito ».
Encore quelques centaines de mètres pour se réchauffer puis je profite de belles portions de descentes roulantes pour lancer un peu la machine et me faire plaisir. Je fais quelques pointes pour m'amuser et me réchauffer. Je ralentis toujours fortement dès que le terrain est dangereux. Le temps passe assez vite dans cette portion. Mis à part les 2 ou 3 derniers kilomètres avant l'arrivée sur Soucieu. Nous longeons des champs sans vraiment de protection et le vent s'est levé.
7h06 : Soucieu
Km 45.
J'arrive très refroidi par le vent. Cela fait 7h que je cours. C'est mon deuxième juge de paix. J'y arrive en 1905ème position (gain de 1400 places entre les abandons et une descente fait à un bon rythme lorsque je pouvais).
Je décide là encore de faire une bonne pause. Encore 25 minutes à recharger les batteries, remplir mon camel qui n'en a pas particulièrement besoin, manger un morceau et boire un peu de soupe (J).
Avant de partir, je me pose à nouveau la question de l'abandon ou de la poursuite de l'épreuve. Les quintes de toux semblent disparaître tout doucement. En revanche, la fatigue physique commence à se faire méchamment sentir. Pas une envie de dormir mais plutôt une fatigue musculaire et mentale. Ca commence à faire long et surtout, il en reste un tiers.
Je sais que si je continue prudemment je serai finisher. Je sais que même en marchant je devrais, en surveillant bien entendu régulièrement les horaires, attraper mon train. Je sais aussi que j'ai beaucoup tiré sur la machine pour quelqu'un qui 24h avant n'arrivait pas à rester debout.
Je prends la décision de continuer mais en marchant. Inutile de risquer la blessure pour aller chercher un temps de 11h ou 10h30. Le point pour
Je repars donc en marchant tranquillement. Il faut avouer que ce ne fut pas une partie de plaisir et que le temps m'a paru parfois bien long. Je reste néanmoins persuadé que je n'avais pas la capacité de rallier l'arrivée en bon état ou alors avec une grosse augmentation du risque d'abandon. J'en veux pour preuve la seule fois où j'ai relancé la machine pour m'amuser dans une descente avec des marches de 50cm de haut et longues de 1m50… par manque de réflexe, je n'ai pas vu un coureur devant moi changer de direction. Je l'ai évité au dernier moment en y payant le prix fort puisque le genou gauche à vrillé. Pas de quoi arrêter la course mais impossibilité de courir mis à part en descente.
Je n'ai pas refait le mariole jusqu'à la fin… j'apprends vite de mes erreurs… ou pas J
9h24 : Beaunant
Km 56. Quasiment 2h pour parcourir
Je n'avais pas prévu de m'arrêter à ce ravito mais bon, l'appel de la soupe fut plus fort que ma décision J
J'en ai profité pour discuter avec 2 ou 3 personnes qui voulaient abandonner. Elles sont reparties et ont dû être finisher (pour 1 c'est sûr !) C'est quand même dommage d'arrêter si près du but !
Il est 9h40, je repars affronter ma Sainté. Ca commence par cette fameuse montée mythique dont tout le monde parle. 1,5km avec des portions à 20% (le reste ne doit pas passer en dessous de 10% imho).
Et bien, c'est de la rigolade !!! Surtout en marchant J
Et surtout, on se dit qu'une fois passé ça, c'est la quille. Juste
Les
En revanche, les 5 derniers kilomètres, en bord de Saône et de Rhône, c'est l'enfer sur terre. Énormément de vent, très froid, des vagues qui passent par dessus le bord et qui viennent lécher les pieds, des lignes droites interminables, des bénévoles qui vous indiquent
A oublier. En plus c'est laid.
Dernière ligne droite avec l'arche au bout. Enfin. Panneau des 100m, des 75 puis passage sous l'arche. Puis ca continue… ils aiment bien blaguer à Lyon. Deux virages, on rentre dans le bercy local et là une nouvelle arche avec plein de gens pour nous applaudir.
La fin. Finisher. Même pas regardé le temps, je sais que j'ai mon point pour
La suite, c'est :
- Récupérer son T-shirt finisher
- boire et manger un morceau (je vous passe les détails mais c'était bon)
- se changer pour pouvoir aller prendre le TGV (là aussi, je vous passe les détails J)
- Métro avec Laurent en se racontant notre course, tout content de l'avoir réussi ce pari à la c...
- Gare et TGV avec le reste de la troupe.
Mon bilan :
Cette course est mythique, c'est une évidence. Surtout cette édition. C'est aussi une course à ne jamais faire pour ceux qui ne sont pas des vrais fans de ce genre d'épreuve. Il y a trop de possibilité d'écœurement pour que le jeu en vaille la chandelle.
Personnellement je ne la referai jamais. Ce n'est pas le type de course que j'aime. Ca, au moins je l'ai compris. Globalement certains passages sont très sympas, mais certains autres sont artificiellement proposés pour durcir la course (cf les
J'ai pu tester mon mental dans des conditions extrêmes (bon j'avais déjà fait le trail de
J'ai mon point pour
Merci à toutes celles et tous ceux qui m'ont accompagné et supporté dans cette épreuve, même quand ce n'était qu'un pari complètement fou, surtout le samedi à 16h.
Merci à Laurent pour m'avoir accompagné sur un bon bout de chemin. Ca m'a mis sur de bons rails.
Et merci à ma petite famille bien entendu J
Enfin, la boisson miracle, qui permet de courir une Sainté avec un état grippal, c'est :
- du sirop Teisseire Sport pour le goût,
- 1,5l d'eau pour remplir le camel bag
- du Fervex pour la fièvre (2 sachets pour 1,5l d'eau)
- 1/3 de bouteille de Pneumorel contre la toux pour 1,5l d'eau. En plus, c'est alcoolisé, ca donne chaud J
Manquait juste une petite gourde de Calva, et là ca aurait été le bonheur J
Le diplôme : http://www.sportcommunication.info/CHRONO/saintelyon/2010/brevet/diplomesaintelyon.php?dossard=6526
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